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15/08/2008

DES LEGIONS D'AMAZONES SUITE : EUGENIE NiBOYET, NEE MOUCHON

PAR BERNARD VASSOR

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Lettre d'Eugénie Niboyet à ses soeurs, Aline et Elisa Mouchon à Lyon (archives personnelles)

"Nous n’écrivons pas pour les esprits étroits

qui veulent borner la femme aux soins du ménage.

Les femmes n’ont plus à acquérir leur liberté,

mais à l’exercer"

.............

Eugénie Mouchon vit le jour à Montpellier (11 septembre 1796- Paris 6 janvier 1883 ).  Elle épousa un riche avocat lyonnais en 1822.

Conquise par le saint-simonisme, elle fut déçue par la scission de "l'Eglise" par Bazard et Enfantin, après le départ de Jules Lechevallier, elle rejoignit les rangs des fouriéristes. Elle fit de nombreuses traductions de romans et de textes de Mary Wollstonekraft, et de Marie Egworth.2bba5f53aa27f8b1bffdbf452ef24ea9.jpg

..........Elle fonda à Lyon « Le Conseiller des Femmes » en 1833 journal auquel collabora Marceline Desbordes-Valmore.Elle fut la première à traduire un roman de Charles Dickens. En contact étroit avec Flora Tristan à Paris , les deux femmes se séparèrent en 1833..C'est elle qui orienta le mouvement féministe naissant vers les thèses de Fourier. Elle créa le journal "La Paix dans le Monde"

précurseur des mouvements pacifistes.

En 1834 elle créa une académie artistique féminine appellée "L"Athénée des Dames" elle combattit le duel et la peine de mort

Présidente du "Club des femmes" du boulevard Poissonnière en 1848, dont les principales animatrices, étaient comme elle d'anciennes saint-simoniènes converties : Désirée Gay, Jeanne Deroin, Adèle Esquiros, Pauline Roland*, Anaïs Segalas et d'autres, anciennes rédactrice de "La Tribune des Femmes" et de "L'Apostolat des fmmes" de 1832-1833. Pendant la Révolution de 1848, elle désaprouva Jeanne Deroin et les Vésuviennes,Elle avait fondé "La Société de la Voix des Femmes" en mars et son club rue Taranne 8, fut le véritable pivot de tout le mouvement féminin. On peut noter la présence comme membre ce club le sulfureux abbé Chatel, qui participa aussi à de nombreuses réunions dans d'autres clubs féminins.Il y prôna la liberté pour les femmes de divorcer, et le mariage des prêtres.

Les autres sociétés féministes :

Le Comité des Droits de la Femme, réunions rue Saint-Meri, président Mme Bourgeois-Allix (professeur d'histoire naturelle)

L'Association fraternelle des Instituteurs et Institutrices, Pauline Rolland, rue Bréda 21

L'Association des Femmes à gage, 11 faubourg Saint-Honoré Mme Chenard.

Le Club-Association des Lingères, 66 rue de Richelieu

L'Union des Travailleuses, 10 rue de Chabrol

Le Club de l'Emancipation des Femmes, 61 rue de Provence, Jeanne Deroin, Désirée Gay et le docteur Malatier

La Société de l'Union des Travailleues, fondée par Elisa Lemmonier, où s'ouvrit 115 rue du faubourg Saint-martin, un atelier de couture, une crèche, une école populaire et une école maternelle.

Eugénie Niboyet voulant faire exercer une influence à travers des élus, lança la candidature d'Ernest Legouvé, féministe de longue date, et celle de George Sand, qu'elle croyait acquise au mouvement d'émancipation des femmes.

Dans un article paru dans "La Voix des Femmes" elle demande d'appeler à l'Assemblée Constituante :

"Le représentant qui unit nos sympathies, c'est le type un et une, être mâle par la virilité femme par l'intuition divine, la poésie. Nous voulons nommer Sand..."(...)

La réponse de George Sand fut cinglante hautaine et méprisante : C’est par l’intermédiaire d'autres journaux qu’elle répondit, traitant l’article d’Eugénie Niboyet de "plaisanterie", et se moquant même de ce journal, rédigé par "des dames" qui forment des clubs et qui dirigent des journaux, qu'elle ne connaissait pas, et qui a même osé annoncer sa candidature à l’Assemblée nationale. Elle déclare ne pas permettre qu'on la prenne symbole d’un cénacle féminin avec lequel elle n’a jamais eu la moindre relation et qu'elle est complètement étrangère aux articles signés G.S. parus dans ce journal. Son amie Marie D'Agoult sous le nom de Daniel Stern se montra aussi méprisante vis à vis des clubs féminins dans son "Histoire de la Révolution de 1848". Sand, a plusieurs reprises refusa le demander et d'envisager le vote des femmes. Ce qui fit souligner par bon nombre d'écrivains et d'historiens, "l'ambivalence" de ses idées en ce qui concerne le féminisme. Elle récidiva en 1868, dans une brochure  : "Pourquoi les femmes à l'Académie". Son attitude pour le moins rétrograde vis à vis de la Commune de 1871, et sa fermeture d'esprit en ce qui concerne "l'art moderne", en font une bien piètre féministe éclairée !!!

Notons au passage l'article révoltant de Charles Hugo contre les clubs de femmes (La Liberté, 29 septembre 1870) :

"Je ne suis pas allé dans ces clubs et je ne veux pas y aller...Les réunions de femmes avaient eu jusqu'ici trois noms : la maison, le bal et l'église; on vient de leur en appliquer un quatrième....le club ! A la maison les femmes étaient pures, au bal belles, à l'église saintes; mais au foyer, au bal, à l'église elles étaient femmes(...) au lieu de le consoler, elles crient contre le genre humain. Elles feront de leur voix qui avait été jusque-là douce comme un chant, tendre comme un conseil, inspirée comme une prière (...° Le moment est venu où les femmes doivent se taire !"

* Qui fut la tutrice d'Aline Chazal, future madame Gauguin, mère de Paul, et fille de Flora Tristan après le décès de celle-ci à Bordeaux.

20/07/2008

BUCHEZ ET LES "CHARBONNIERS", enfants des "AMIS DE LA VERITE'

PAR BERNARD VASSOR

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Joseph Benjamin Philippe Buchez (1796-1865) est né dans la région des Ardennes (aujourd'hui rattaché à la Belgique). En 1811, il fut surnuméraire à l'octroi de Paris, tout en poursuivant des études de médecine. En 1818, il organisait dans sa chambre d'étudiant 29 rue Copeau, des causeries philisophiques, constituant un groupe qui prit le nom un peu ampoulé de :"Société Philomédicos Diablement Philosophique". Son goût pour engagement politique le conduisit à adhérer à la loge maçonnique des "Amis de la Vérité"*, qui venait tout juste de fusionner avec celle des "Amis de l'Armorique" située 19 bis rue Saint Honoré. Il prit part à la conspiration du 20 août 1820 qui devait renverser le régime et d'instaurer un gouvernement provisoire, avec le soutien du marquis de Lafayette. A la suite d'une trahison, l'opération échoua les conjurés furent dénoncés. Buchez avec ses amis Bazard et Flotard,  doivent s'exiler, d'abord en Belgique, puis en Suisse. C'est là que selon Louis Blanc, ils auraient rencontré Buenarottiqui leur aurait suggéré de se faire initier au carbonarisme en leur donnant une recommandation auprès de cinq membres du parlement napolitain.
Ce qu'ignoraient alors les impétrants, c'est que le carbonarisme avait été créé par des Français en Italie, sur le modèle de la Société de défense professionnele des charbonniers et bûcherons de Franche-Comté, appelée "Société des Bons Cousions Charbonniers".   
*C'est à cette loge plus tard, qu'adhérèrent les futurs dirigeants républicains : Raspail, Etienne Arago, Victor Schoelcher, Hyppolite Carnot, et peut-être Auguste Blanqui.
Le 1 mai 1821, chez Buchez eut lieu la première Haute Ventedu groupe fondateur de la Charbonnerie française, avec Bazard, Flotard, Cariol aîné, Limperani, Cavaignac, Marchais, Trélat, Chevolon, Bastide et Arnold Scheffer.
Après de nombreux échecs, la Charbonnerie s'intégra au sein du Grand Orienten 1824. Buchez cette année là reçut son premier maillet.
En 1825, déçu par la Charbonnerie, et surtout séduit par une doctine nouvelle, avec Bazard, ils passèrent au saint-simonisme.
.......................
Sources:
 Louis Blanc, Histoire de la révolution de 1830,  
Cavaignac : Paris Révolutionnaire
Salvandy, Vingt mois ou la Révolution de 1830
La Hodde, Histoire des Sociétés Secrètes.
André Combes: Histoire de la Franc-Maçonnerie au Dix Neuvième siècle,Editions du Rocher 1998