26/06/2015
Un métier décrié : les conducteurs de voitures publiques dans Paris.
Par Bernard Vassor
Hubert, dis moi qu'tu m'aimes !
(Les Vignes du seigneur)
Un cocher en 1842
Cependant, prenez-y garde, Messieurs les cochers; si vous continuez de nous conduire si mal, nous pourrions bien, un jour ou l'autre, faire une révolution. En attendant ce moment impatiemment désiré, voici une réforme que nous prenons la liberté de proposer à M. le préfet de police qu'à chaque voiture de place, il y ait un petit drapeau, un signe quelconque qu'un ressort mettra en évidence quand la voiture rentrera effectivement que le caprice ou la mauvaise volonté n'ait aucun rôle à jouer dans une question où il s'agit de l'intérêt public.. Si l'ami Rochefort avait songé à inciser cette petite boutade dans les pages de sa Lanterne, il aurait certainement ajouté Attendu que la réforme réclamée est urgente, nous avons l'intime conviction que M. le préfet de police se hâtera de. n'en rien faire. » Nous nous montrerons moins incrédule que le spirituel cascadeur, et nous lie serions nullement surpris que cette juste réclamation eût son plein, son prompt, son entier effet.
Le cocher de l'omnibus de Montmartre
Depuis le XVII° siècle, la confrérie des conducteurs, charretiers, piqueurs et cochers, a été décriée. Les différents qualificatifs ne sont guère élogieux. On retrouve le plus souvent les termes suivant dans les récits du temps passé (Paris Burlesque 1852) : "La brutalité des cochers publics a de tout temps été constatée..., c'est cette brutalité qui a nécessité en partie la loi Grammont et fait naître la Société protectrice des animaux". La SPA est fondée en 1846 et le 2 juillet 1850, à l'initiative du général Jacques-Philippe Delmas de Grammont (1792-1862), une loi est adoptée pour sanctionner la brutalité contre les animaux domestiques. Son article unique est ainsi rédigé : "Seront punis d'une amende de cinq à quinze francs, et pourront l'être d'un à cinq jours de prison, ceux qui auront exercé publiquement et abusivement de mauvais traitements envers les animaux domestiques. La peine de la prison sera toujours appliquée en cas de récidive."
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Pierre Larousse n'y va pas avec le dos de la cuillère : que les cochers publics jouaient volontiers du fouet avec les charretiers qui dans la rue les accrochaient, et que déjà ces messieurs employaient ce langage de « haulte graisse dont nos oreilles sont chaque jour offensées. Scaron a noté leurs cris de Gare! gare! au milieu de la presse, et Boileau, dans les Embarras de Paris n'a pas oublié ceux auxquels se trouvaient sans cesse exposés les cochers de son temps. Colletet, de son côté, a pris soin, dans le Tracas de Paris, de nous tracer la silhouette du cocher d'un coche s'éloignant de Paris.
• Quel plaisir de voir ce cocher
Yvre et rustique, trébucher,
Culebuter, cul dessus teste,
En voulant monter sur sa beste,
Et s'estre cassé le museau
Au beau milieu de ce ruisseau! •
En 1868, une idée saugrenue a traversé l'esprit d'un jeune lexicographe :
L'administration des voitures, dont les bureaux sont pavés de bonnes intentions, a bien songé à cette anomalie, et elle a cherché à munir chaque voiture d'un compteur kilométrique mais il en est de cette merveille comme du Dictionnaire de l'Académie.
Les grèves de cochers ont émaillé l'histoire depuis la création de la corporation des gens de maison.
Réunion pendant les premiers jours de la Commune de Paris ( 3 avril) au club ce la Boule noire.
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