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10/09/2011

Zola-Cézanne : ""L'Oeuvre" (ou l'art d'assassiner ses amis)

Par Bernard Vassor

J'accepte toutes les critiques pour cet article incomplet et peut-être parfois erroné ?....

Marchand de couleurs Guerbois avenue de Clichy hauteur.jpg
Il reste encore cette boutique, l'ancètre d'Hennequin, le marchand de couleurs situé près du célèbre café Guerbois au 13 avenue de Clichy, fournisseur de Manet.
Peut-être plus pour très longtemps, l'actuelle propriétaire (septembre 2008) nous ayant signalé que des antiquaires américains avaient acheté tout le mobilier de cette boutique et de des offres de rachat avaient été faites à l'actuelle gérant.
.................

Je suis un timide, un bohème, on se moque de moi.

Je n'ai pas de force de résistance, l'isolement voilà

ce dont je suis digne. Au moins, personne ne me

met le grappin dessus (..) mais je suis vieux et il

 que je meure sans avoir touché à ce point suprème (..)

...............

L'Oeuvre

 

"L'Oeuvre, où il a prétendu me dépeindre, n'est qu'une épouvantable déformation, un mensonge tout à sa gloire"

Selon Ambroise Vollard, mais, peut-on le croire ? Cézanne lui aurait dit :

"Il n'y a jamais eu de fâcherie entre nous. C'est moi qui ai cessé le premier d'aller voir Zola. Il était devenu un sale bourgeois"


Un roman cénaculaire où l'auteur éreinte tous ses amis d'enfance qu'il considère comme "des ratés".

Sandoz, c'est Zola lui-même, bon généreux, visionnaire, c'est le seul qui ne soit pas un raté dans l'histoire !

Amis Zoliens, ne lisez surtout pas le brouillon qui va suivre....

Paul Cézanne lui avait fourni sans le savoir des verges pour le battre, en lui demandant de rédiger une notice pour l'organisation d'une vente en faveur d'Ernest Cabaner, ce musien, poète extravagant qui faisait tantôt l'admiration tantôt la risée des artistes de son temps, d'Henry Murger à Auguste Renoir et bien sûr Paul Verlaine.

..............

Voici un fragment de la lettre de Cézanne à Zola le 12 avril 1881 à ce propos :
Mon cher Emile,
Dans quelques jours doit avoir lieu la vente en faveur de Cabaner. Voici donc ce que je viens te demander; ce serait que tu voulusses bien te charger de faireune petite notice.Car on ne doute pas que le seul appui de ton nom ne fût un grand attrait(...) c'est moi qui ai été chargé, comme étant une de tes plus anciennes connaissances de te faire la demande"


Le 16 avril Zola lui répond qu'il accepte d'écrire "la légende de Cabaner"mais il demande des détails sur sa biographie. C'est Franc-Lamy(l'illustrateur du "Hareng-saur") qui fait parvenir à Zola quelques notes rédigées par trois personnes différentes.
Cette lettre du 22 avril est restée sans réponse, Cézanne relance son ami car le temps presse, la vente est fixée le 14 mai.

Jean-Jacques Lefrère et Michael Pakenham dans "Cabaner poète au piano", qu'Emile Zola rédigea une préface qui ne dut pas lui donner de longues heures de labeur.


La vente en faveur de Cabaner eut lieu à l'Hôtel Drouot le 14 mai 1881 salle 7. L'expert était Durand Ruel, le commissaire priseur Maître Tual.

L'Oeuvre :

Quelques clés possibles ?

Liste incomplète pour le moment. Les recherches continuent :
Le café Baudequin aux Batignolles : Le café Guerbois, 7 route des Batignolles (11 avenue de Clichy). Le patronyme Baudequin figure aussi dans un des premiers romans de Zola (dont La Curée). 
Le nom est peut-être la contraction de Baudelaire qui assistait aux premières réunions du Guerbois, et de Hennequin, le marchand de couleurs voisin, au 13 avenue de Clichy, fournisseur de Manet et de quelques peintres du groupe des Batignoles et peut-être aussi celui de Cézanne dans les années 1862-1870.
Le Tambour : est peut-être le journal "Le Rappel"ou bien le "Tam-Tam" d'Alfred Lepetit
Gagnière..... ???
Courajod, est peut-être Chintreuil, La mare aux pommiersla mare à Gagny dans le roman....

Jory : Antony Valabrègue né à Aix en 1844, poète parnassien, journaliste. Il passe des vacances à Bennecourt en 1866 avec Zola, Guillemet, et Solari.....

Mahoudeau ; Philippe Solari 1840-1906 ami d'enfance de Zola, Marius Roux et de Cézanne. c'est lui qui a réalisé le buste qui figure sur la tombe de Zola au cimetière Montmartre.
L'épisode de "La Baigneuse" de Mahoudeau dans le roman, est démarqué d'un incident qui s'etait produit le jour où Cézanne ayant conduit Manet à l'atelier de Solari pour y voir "Le Nègre Scipion" la dernière oeuvre de Solari, "le Nègre", placé près d'un poele, ayant une armature trop faible se cassa en morceaux.

Dequersonnière rue du Four : Victor Baltar

Godemard :.........?

Fagerolles ; Guillemet s'est reconnu en lui, Zola lui a juré que c'était Henri Gervex qui apprenant cela, au lieu de se fâcher, a adopté fièrement ce surnom...
Malgras : personnage composite, entre "Le père La Crasse" marchand de couleurs de la rue Bréda (le concurent le plus proche de la rue Clauzel et Le père Martin, portrait parfaitement injuste, car le père Martin a aidé beaucoup de peintres dans le besoin, et en a révélé plusieurs et, a été le premier à soutenir dess impressionnistes dans le besoin... 

DubucheJean-Baptiste Baille 1841-1918 architecte
BONGRAND, : COURBET
Pour le personnage de Claude Lantier, c'est d'abord à Manet que l'on a pensé, Monet a cru se reconnaître en quelques traits, mais c'est Cézanne qui est le plus visé et qui n'adressa plus jamais la parole à Zola jusqu'à sa mort (mais, terrassé par la douleur, il ne put retenir ses larmes quand il apprit le décès de son ancien ami)


Atelier Boutin............................?

Monsieur Hue, le collectionneur est Victor Choquet

Mazel est peut-être Cabanel.


Irma Bécot : Valtesse de la Bigne comme pour Nana, Madame Meuriot selon ARMBRUST-SEIBERT, M., Victorine Meurent, prototype d’Irma Bécot dans L’Œuvre, 1992 (66), 113-122.


Sur la jeunesse de Zola et Cézanne ;
Paul Alexis (1847-1901) Emile Zola, notes d'un ami.. Paris 1882
Dans cet essai, Alexis annonce 3 ans avant, le projet littéraire de Zola : il veut écrire depuis longtemps un roman sur l'art.
Paul Alexis prévoit que ce sera un roman à clés, et que Zola sera "forcé d'ymettre en scène ses amis" et que pour sa part, Alexis déclare : "si je m'y trouve, et même si je n'y suis point flatté, je m'engage à ne pas lui faire de procés"
Ernest Cabaner a été inhumé comme Claude Lantier au cimetière de Saint Ouen, dans une tranchée gratuite.....
(Tout comme le père Tanguy tranchée numéro 14, Cabaner tranchée numéro 12)

Extrait de l'ébauche du roman : "Avec Claude Lantier, je veux peindre la lutte de l'artiste contre la nature, l'effort de la création dans l'œuvre d'art, effort de sang et de larmes pour donner sa chair, faire de la vie : toujours en bataille avec le vrai et toujours vaincu, la lutte contre l'ange. En un mot, j'y raconterai ma vie intime de production, ce perpétuel accouchement si douloureux ; mais je grandirai le sujet par le drame, par Claude, qui ne se contente jamais, qui s'exaspère de ne pouvoir accoucher de son génie, et qui se tue à la fin devant son œuvre irréalisée."

Ma jeunesse au collège et dans les champs. Baille, Cézanne. Tous les souvenirs de collège : camarades, professeurs, quarantaine, amitiés à trois. Dehors, chasses, baignades, promenades, lectures, familles des amis. A Paris, nouveaux amis. Collège. Arrivée de Baille et de Cézanne. Nos réunions du jeudi. Paris à conquérir, promenades. Les musées. Les divers logements... Les ateliers de Cézanne."
...................
Publié dans "Le Mercure de France" par Emile Bernard :
Souvenirs sur Paul Cézanne.
(...) C'était une intelligence fort médiocre , et un ami détestable; il ne voyait que lui; c'est ainsi que l'Oeuvre où il a prétendu me peindre, me dit Cézanne, n'est qu'une épouvantable déformation, un mensonge tout à sa gloire (..) Je retrouvais Zola à Paris. Il avait été mon camarade de collège, nous allions jouer ensemble au bord de l'Arc et il faisait des vers.(...)Donc, lorsque j'arrivais à Paris, Zola, qui m'avait dédié "La Confession de Claude" ainsi qu'à Bail (sic)*; un camarade mort aujourd'hui, me présenta Manet. Je fus très épris de ce peintre et de son bon accueil, mais, ma timidité naturelle m'empêcha de fréquenter beaucoup chez lui. Zola lui-même, aau fur et à mesure qu'il établissait sa réputation,devenait féroce et semblait me recevoir par complaisance; si bien que je me dégoûtais de le voir, et je fus de longues années sans le rechercher. Un beau jour, je reçus "l'Oeuvre". Ce fut un coup pour moi. En définitive, c'est un fort mauvais livre et complètement faux.(..)
Après la parution et la réception du livre, Cézanne écrivit une lettre froide de rupture à son ancien ami.
Choquée par cette lettre celle qui eut Cézanne et Alexis pour témoin à son mariage avec Zola, décrocha tous les tableaux de Cézanne et les porta dans son grenier à Médan. Etait-ce sur les recommandations d'Emile Zola ?

* Là, Emile Bernard commet une légère erreure ou confusion. En plus d'avoir mal orthographié le nom de Baille, il le fait mourrir avant l'heure. Baptiste Baille, condisciple de Zola, Alexis et Cézanne au collège Bourbon est mort en 1918. 
INDEX CAHIERS NATURALISTES POUR L 'OEUVRE :

ARMBRUST-SEIBERT, M., Victorine Meurent, prototype d’Irma Bécot dans L’Œuvre, 1992 (66), 113-122.

BESSE, L., L’Œuvre : le désir du désincarné, 1999 (73), 207-215.

BRADY, P., Claude Lantier, 1961 (17), 10-18.

- La théorie du chaos et L’Œuvre, peinture, structure, thématique, 1992 (66), 105-112.

CNOCKAERT, V., Dans l’ombre de l’œuvre : L’Enfant mort, 1998 (72), 351-361.

FERNANDEZ-ZOILA, A., Les inapparences de la création dans L’Œuvre, 1986 (60),139-156.

- Le système écriture-peinture et le figural dans L’Œuvre, 1992 (66), 91-103.

GANTREL, M., Zola et ses doubles, 2001 (75), 87-98.

KAMINSKAS, J., Espace et dispersion dans L’Œuvre : à la recherche du stable, 1989 (63), 127-136.

MAIONE, M., Zola et la sculpture, 1984 (58), 151-164.

NEWTON, J., La dernière toile de Claude, 2000 (74), 239-245.

RAUSEO, Ch., Zola et les Goncourt. Vérité et vraisemblance dans L’Œuvre : la scène de la pose, 1996 (70), 151-168.

RAYNIER-PAUGET, L’Œuvre : la femme faite modèle, 1999 (73), 199-206.

REBERIOUX, M., Zola et la modernité, 1984 (58), 15-22.

RHEIMS, M., Allocution prononcée à Médan le 7 octobre 1973. Emile Zola et la curiosité, 1973 (46), 121-129.

RIEGER, A., L’espace de l’imaginaire. Promenade dans la roseraie zolienne, 1989 (63), 93-107.

TERNOIS, R., La naissance de L’Œuvre, 1961 (17) 1-9.

WOODWARD, S., Le sang dans L’Œuvre, 1991 (65), 169-176.

Ouvrard, Pierre :

MITTERAND, Henri., Hommage, 2003 (77), 421-422

THION, M.C., Hommage, 2003 (77), 419-421.

* édition l'Echoppe 1994,

Dernière mise à jour le 10/09/2011

A SUIVRE...

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