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02/02/2011

Anniversaire de la mort du père Tanguy

Par Bernard Vassor

Décès Tanguy.jpg

 

mirbeau corespondance.jpg

http://mirbeau.asso.fr/autressites.htm

...

http://michel.mirbeau.perso.sfr.fr/

Cette lettre a été envoyée au frère de Johanna, la veuve de Théo (orthographe respectée) :

Paris le 8 Fevrier 1894

Mon cher Mr. Bonger

Je vous ecrit cette lettre pour vous aprendre le malheur qui vient de marriver car je viens de

perdre mon pauvre mari nous lavons mis en terre mercredi 7 Courant Je vous dirai quil etaient rentrer a l'hopital de la riboisiere le 9 janvieret il en est sortie le 5 février Pour venir rendre son dernier soupir chez lui la meme maladie que l'année derniere cétaient déclaré

et notre medecin ne pouvant pas ce charger de  le soigner Comme l'année derniére vue que cétaient la faire de la chirurgie il le fit transporter à l'hopital en lui disant quil fallait probablement subir une opérations et que ce netait pas chez nous que lon pourrai lui faire mais lon ne nous disaient pas ce qui l avait il nous lont gardé juste 4 semaine il ne lui ont rien fait dutout lennuie la gagné et il a voulu absolument revenir à la maison.et c'est au bout de ce temps

que le chirurgien en chef en lui disant que mon mari voulait absolument revenir qui nous a dit vous pouvez lemmener chez vous il ny a rien a faire il avait une tumeur dans laine et sa

gagne le ventre il etait trop agé pour subir une opérations il a éte six semaine sans manger rien dutout ils ne prenait quun peut de bouillon et de lait ah le pauvre père tanguy il a bien souffert il  étaient devenu a rien du tout mais mon cher Monsieur Bonger nous sommes heureux tout les trois de la voir vue mourir chez nous il nous disaient qui ne voulait pas mourir a l'hopital. Quand au reste Monsieur Bonger vous connaissez ma situations depuis longtemps tant qua vos tableaux il sont a la maison jusquau mois doctobre Si mes enfants ne continue pas le commerce Je vous dirai que nous n'avons pas vandu dautre tableaux Nous esperons avoir votre visite au beaux temps prochain cher Monsieur veuillez avoir  lobligeance de présenter tout nos respect a votre Dame de notre part ainsi qua madame Vanghog.Monsieur je sais que vous avez la liste de vos tableaux chez vous tant qua nous je ne sais si nous avons le doubleje ne men suis pas encore occupé.Recevez Monsieur mes sincere Salutations femme Vve Tanguy

mes enfants se joignent amoi pour vous offrir toute leur reconnaissance et amitié.

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La lecture du volume 2 de la correspondance Mirbeau nous renseigne sur les liens d'affection et d'estime que lui ont témoigné un grand nombre d'artistes.

Je me bornerai dans un prochain article à reprendre certaines lettres (avec la permission de Pierre Michel) les marque-page de mon exemplaire sont tellement nombreux, qu'il serait fastidieux pour le lecteur de toutes les mentionner.

Je fais aussi amende honorable : j"avais traité Alice, la femme de Mirbeau, de "Xanthippe" pour différentes raisons. Et bien, j'avais tort. Bien qu'elle fut la raison des graves tourments que connut Octave, dans l'affaire qui intéresse, j'ai constaté l'acharnement déployé pour obtenir auprès de nombreux artistes, dont Rodin, des soutiens la vente après-décès au profit de la veuve Tanguy. 

 

la justice 1 juin tanguy 1894.jpg

Un article hagiographique de Gustave Geffroy, écrivain, journaliste critique d'art ami de Mirbeau de Rodin dans le journal de Georges Clemenceau-.

Dans quelques jours aura lieu, chez Georges Petit*, la vente Tanguy. Qu’est-ce que la vente Tanguy ? C’est un exemple nouveau de la solidarité des artistes. Octave Mirbeau, dans l’Echo de Paris, puis Roger Milès , dans le Figaro ont raconté comment un vieux marchand de couleurs de la rue Clauzel « le Père Tanguy » mourait dans un dénuement absolu. Mirbeau donna son éloquence, sa passion à cette humble cause. Il écrivit un article improvisé, il montra le bonhomme dans sa boutique, le marchand devenu apôtre, croyant au génie et à l’avenir des peintres débutants qui achetaient chez lui leurs couleurs et le payaient quand ils pouvaient.(…). Il s’est trouvé que le Père Tanguy eut raison pour plus d’un, que nombre de ses anciens clients sont devenus célèbres. La médiocre situation du vieux ménage était de celles qui n’apparaissent  pas. Le bonhomme et la bonne femme continuaient paisiblement leur commerce, et voilà tout. C’est lorsque la mort fit son entrée que la vérité fut connue.

Mirbeau fit plus qu’un artiste. Il prit l’affaire à cœur, ne l’abandonna plus, réunit un comité dont Puvis de Chavannes accepta la présidence et qui fut composé de Rodin, Claude Monet, Renoir, Eugène Carrière, Raffaëlli, Camille Pissarro, Georges Petit, Philippe Gille, Henri Fouquier, Cazin, Bergerat, P.Chevalier, Roger Milès, Roger Marx, Arsène Alexandre, etc…(…).

Le résultat fut tel qu’on pouvait le souhaiter. Hier, Roger Milès énumérait les peintures déjà réunies chez Georges Petit et citait les noms de Claude Monet, Rochegrosse,  Maurice de Lambert, Angrand, Signac, Edmond Cross, Carrier-Belleuse, Delpy, Berthe Morisot, Wagner, Petitjean, Lauth, Barillot, Schuller, Cabrit, Chudant, Jean Benner, Rodolphe Ernst, Jeanniot, Sisley, Léandre, Camille Georges et Lucien Pissarro, Dauphin, Dagnaux, Vauthier, Maximilien  Luce, Kaplan, Victor Vignon, Prouvé, Guillemet, Nozal, Detaille, Renoir, Moutte, Raffaëlli, Eliot, Gyp**, Duez, Bethune.

Il y aura d’autres  noms, et probablement une autre liste pourra être publiée dans quelques jours. Le fonds de Madame Tanguy contient aussi des toiles infiniment curieuses, maintenant recherchées, de Cézanne, de Gauguin…et enfin, le présent article, comme ceux de mes camarades , porte le fait à la connaissance des artistes qui l’ignoreraient, qu’ils préviennent Georges Petit, on ira chercher leur toile, leur pastel, leur dessin, et, grâce à eux, la vieillesse sera réconfortée, l’exemple de bonne humanité aura été donnée une fois encore.

Gustave  Geffroy.

.......

Il est bon de noter, que curieusement, le nom de Maxime Mauffra, à l'origine de ce projet avec Mirbeau, n'apparaît et n'apparaîtra pas dans la liste des organisateurs mais dans celle des donateurs.

Lettre de Mirbeau à Mauffra, vers le 10-12 février 1894 (numéro 1221)  :

Votre idée est excellente, et je la trouve d'autant plus excellente que  je l'avais eue aussi,, et que ma femme en a parlé à la mère  Tanguy (...) Il faut même en ce moment, ne pas parler du tout de cette vente, avant qu'une quesqtion qui embête beaucoup la mère Tanguy, une question de propriétaire, soit réglée. J'écrois d'ailleurs à ce propriétaire, qui, je l'espère, va le faire réfléchir, et l'amener là où nous voulons qu'il vienne (..)

En effet, le propriétaire de la boutique du 9 rue Clauzel voulait obliger la mère Tanguy à continuer le commerce de couleurs jusqu'à la fin de son bail.

photo rue rosiers.jpg

Photocomposition fantaisiste représentant pour les besoins de la cause versaillaise, l'exécution des généraux Lecomte et Thomas dans l'enceinte de la maison de la rue des Rosiers, siège du 61°bataillon..

Lettre à Auguste Rodin 1240 :

Vous savez qu'il  doit y avoir  très prochainment une vente de tableaaux au profit de la mère Tanguy, la veuve de ce si original et si parfaitement bon, le père Tanguy (...)

Lettre à Léon-Rger Milès 1227 :

"vous connaissiez bien le brave père Tanguy. sa veuve est dans la plus affreuse misère. Nous avons pensé d'organiser une vente de tableaux à son bénéfice. (...) Nous serions très heureux si vous vouliez bien nous faire l'honneur  de vous joindre à nous" (pour le comité d'organisation)

Lettre à Puvis de Chavannes non retrouvée 1222 :

Mirbeau propose la présidence du comité d'organisation.

*Georges Clemenceau qui était rappelons le, maire de Montmartre pendant le siège de Paris. Julien Tanguy qui était alors concierge au 10 rue Cortot, avait été parmi les premiers à s'engager dans le 61° bataillon de la Garde nationale (dans la liste d'inscription, il portait le numéro 19). Clemenceau, faisait lui aussi partie de ce prestigieux bataillon qui était situé 6 rue de la Fontenelle, anciennement rue des Rosiers, aujourd'hui rue du Chevalier de la Barre.

*La vente eut lieu, non pas chez Georges Petit, mais à l'hôtel Drouot, où, comme le constata la mère Tanguy, les marchands s'étaient entendus pour ne pas faire monter les enchères et participer à une coûtume qui existe encore de nos jours : "la révision"

**Il est très surprenant de voire mentionner le nom de Gyp, la comtesse Martel, danscette liste, quand nous connaissons ses démélées avec Alice Mirbeau, l''attentat au vitiol dont elle accusa l'ancienne courtisane d'en être l'auteur. La rivalité des deux femmes et leur haine féroce réciproque ?

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