08/10/2008
LES LORETTES DU PASSAGE LAFFERIERE
PAR BERNARD VASSOR
Comme vous le voyez sur ce plan, cette voie forme un arc de cercle qui communique d'un côté avec la place Saint-Georges, de l'autre, les immeubles ont une entrée rue Bréda (Clauzel aujourd'hui). Fermée de chaque côté par des grilles, elle fut constituée sans autorisation lors de la création de la place Saint-Georges en 1832. Sur des terrains appartenant à une société constituée de fianciers : Dosne, agent de change, qui deviendra le beau-père d'Adolphe Thiers, de Loignon autre financier, Censier et dans un premier temps Constantin, l'architecte qui fut le maître d'oeuvre de la construction de la place Saint-Georges. Le passage avait 9 mètres 75 dans sa plus petite largeur et 205 mètres de longueur. Les grilles furent supprimées en 1882 et le passage prit le nom de rue Laferrière. Entre temps, le 7 décembre 1840 un arrêté prefectoral ordonna la fermeture de cette voie. Le 13 mars 1851, une ordonnance de police lui donna sous certaines clauses l'autorisation d'être utilisée comme passage public.
Dès lla mise à disposition des maisons du passage, les propriétaires spéculateurs fonciers, chevaleresque malgré eux louaient les appartements à des petites ouvrières, des jeunes filles pauvres pour comme on le disait dans son sens premier "essuyer les plâtres".
Dans la journée, on ne voyait personne, quelques boutiques qui avaient un aspect mystérieux vendaient "des objets et des instruments qui ne sont pas fait pour augmenter la population de la France" comme le dit Charles Virmaître. A partir de cinq heures du soir,, les persiennes s'ouvrent, les lumières aux fenêtres illuminent la rue, les lorettes se maquillent se bichonnent, se préparent à passer une nuit d'incertitude. Celles que l'on appelait autrefois des grisettes devenues successivement des "brédas" puis des "lorettes" . Aux archives de la préfecture de police, un registre recense un grand nombre "d'insoumises" surveillées par la brigade des moeurs. Beaucoup de ces femmes sont domiciliées curieusement au 10 bis de cette rue, un véritable lupanar ( numéro qui n'existe plus aujourd'hui, je n'ai pas encore découvert pourquoi ?) Les jeunes femmes qui arpentaient les sorties de spectacles des théâtres du quartier, faisait parfois "le pied de grue"* aux terrasses des cafés des boulevards dans l'espoir de "lever un miché" et de le ramener chez elle.
C'est aujourd'hui une rue très sage, une église orthodoxe s'est installée au 2 bis. Guy de Maupassant qui vécut 17 rue Clauzel (jusqu'en 1880) avait des fenêtres qui donnaient sur le numéro 20 du passage Laferrière, maison qui était occupée alors par une maison close !Les historiens de "la bicherie", sont les frère Goncourt (qui étaient voisin 43 rue Saint-Georges), Alexandre Dumas fils, Taine, Labédollière, et le dessinateur qui n'a pas vu sa statue remplacer la fontaine de la place Saint-Georges : Sulpice-Guillaume Chevalier, dit Gavarni.
*L'expression imagée, de la grue sur "une jambe" dans son sens premier, vient des petites dames, adossées à un mur un pied au sol, le deuxième appuyé sur ce mur.
La rue Neuve-Bréda sur la plan est la rue Clauzel, la rue Bréda étant aujourdh'hui la rue Henri Monnier, la place Bréda est maintenant dénomée Gustave Toudouze. Vous apercevez le prolongement de la rue Labruyère qui s'appelait rue Boursault (ne pas confondre avec celle des Batignolles où habitait Bel-Ami) La rue Léonie est devenue la rue Henner, en haut à droite, la rue de Laval est la rue Victor Massé
09:47 Publié dans Histoire des rues de Paris | Tags : louis-marie de lafferrière-l'evêque, gavarni, goncourt | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
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