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06/06/2008

RACHILDE, ANDROGYNE, "LA GRANDE DAME DES LETTRES" BAPTISEE REINE DES DECADENTS, ET MONSIEUR BAUDELAIRE PAR MAURICE BARRES

PAR BERNARD VASSOR

Mise à jour le 6 juin 2008.

Au cours d'une rencontre dans un séminaire consacré à Zola* qui n'avait aucun rapport avec Rachilde, j'ai obtenu de précieuses informations inédites grâce à mon ami Michael Pakenham*, l'éditeur de la correspondance Verlaine chez Fayard. J'ai donc eu l'information suivante : il y a plusieurs lettres inédites de Verlaine à Rachilde qui seront publiées dans le volume II de la correspondance Verlaine à paraître en 2009. En 1888, Verlaine souffrant et sans le sous a été hébergé quelques temps chez Rachilde qui habitait à l'époque avant son mariage avec Valette,  rue des Écoles. Elle fréquenta assidûment "Les Hydropathes" et s'illustra en giflant "Papadiamantopoulos" qui avait "écorniflé" Victor Hugo.

Elle était bien plus chaste qu'on veut bien le dire, et que son oeuvre laisse supposer en raison des pires perversions que ses livres exploitaient, tout y passait, du sadisme à la nécrophilie enallant de l'inceste et la zoophilie. Bref tout ce qui lui fit mériter le titre de"Reine des décadents" (par Jean Lorrain expert en la matière). Elle déclara  "On m'accusa d'aimer les hommes, les femmes, les chiens et les cochers de fiacre". Peu de femmes ont osé briser tous les tabous comme elle, et à ce titre elle mérite mieux que les petites et médiocres notices biographique qui lui sont parfois consacrées.

« Mon Dieu, qu’on s’amuse bêtement dans la vie dès qu’on cesse de faire de la littérature ! »

RACHILDE

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"Elle se trouve dans le clan des écrivains
dangereux et rares
 (...) une espèce de Mademoiselle de Maupin du livre, petite fille à la fois de Monsieur de Cazotte
 et du grand Barbey d'Aurevilly"
Jean Lorrain

    C'est le 11 février 1860 que  Marie-Marguerite Éymeryvit le jour à Château-l-Evêque en Dordogne. En 1876, elle fit croire selon certains, qu’un esprit suédois vint de lui souffler dans un songe son nom d’écrivain : Rachilde, patronyme qu’elle utilisa toute sa vie.Selon d'autres biographes, c'est la lecture d'un auteur du XVIème siècle qui lui fit choisir ce pseudonyme. Le premier roman qu’elle fit paraître : « Monsieur de la nouveauté » est un récit qui traite d'un sujet que Zola reprendra plus tard dans « Le Bonheur des dames ».  Elle portait ses cheveux coupés  courts à la garçonne et était vêtue en homme. Nous ne connaissons pas les raisons qui lui firent accorder l'autorisation par la préfecture de Police de porter des pantalons, ce qui était interdit aux femmes à l'époque (et l'est encore aujourdh'hui je crois ?) C'est un roman scandaleux : Monsieur Vénus, publié en Belgique en 1884 qui lui donna très tôt la célébrité et une réputation scabreuse qui ne manqua pas de provoquer l'admiration de Jean Lorrain qui vit en elle son "maître en littérature décadente". L'ouvrage fut saisi par le parquet de Bruxelles et condamna Rachilde à 2000 francs d'amende. Elle rencontra Maurice Barrès dont elle tomba amoureuse. Puis la rencontre au bal Bullier avec un imprimeur Alfred Vallette,va briser leur liaison. Leur mariage aura lieu en 1889. Elle fréquenta les cafés littéraires, les salles de conférences et le cercle des "Hydropathes" dont elle fut reçue membre en 1884.  En 1889, elle tint salon dans les locaux de la revue littéraire de son époux au "Mercure de France», rue de L'Échaudé, C'est dans "Le Mercure de France" que furent publiées pour la première fois les "lettres de Vincent à son frère  Théo" (vous noterez l'erreur de date  1887-1891) .Elle collabora à d'innombrables revues et journaux et publia jusqu'à la fin de sa vie, un roman par an. Après la mort de son mari, elle vécut cloîtrée dans les bureaux du "Mercure de France" au milieu de petites souris blanches. Devenue aveugle, elle mourut en 1953 à l'âge de 93 ans. Son successeur au "Mercure" Georges Duhamel, ne crut pas utile de prendre sa plume pour rendre hommage à celle qui fut longtemps le centre du "tout Paris" des lettres.

Nous pouvons ajouter à son portrait qu'elle fut liée avec Nathalie Barney et eut d'autres liaisons saphiques  ce qui ne l'empêcha pas de publier un violent  pamphlet en 1924, "Pourquoi je ne suis pas féministe") Elle prôna l'idée que seules les liaisons saphiques permettaient à une femme de rester vierge.

Chauvine à l'excès, elle fut anti-dreyfusarde, et à la limite de l'antisémitisme.

Elle s'opposa aussi aux surréalistes dont elle ne comprit pas l'engagement.

Elle prit plusieurs pseudonyme dont l'anagrame : Jean de Chilra

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Tombe de Rachilde au cimetière parisien de Bagneux
[photo extraite de "Rachilde and french Women's authorship" ouvrage écrit
par Mélanie Hawthorne, universitaire américaine]

 

Michael Pakenham même si sa modestie doit en souffrir, est le meilleur spécialiste des "petits" et des grands parnassiens. Spécialiste de Germain Nouveau, de Racot, de Xavier de Ricard, de Verlaine et Rimbaud, de Charles Cros, nous lui devons également de nombreuses contributions dont la connaissance parfaite de Nina de Villar dont il a organisé l'exposition "La Dame aux Eventails" également au musée d'Orsay.
Il est également le seul et dernier chercheur à avoir été reçu par le fils du docteur Gachet (il a été le commissaire du catalogue de l'exposition Gachet au musée d'Orsay) et a permis par son action la conservation de la maison d'Auvers-sur-Oise, un peu laissée à l'abandon aujourd'hui par le conseil général de l'Oise qui en est propriétaire. Le jardin de plantes médicinales du docteur Gachet pourrait être reconstitué ( Notre amie Isabelle T... en possède l'inventaire) si la mairie ou des édiles prenaient la peine de faire revivre une partie du patrimoine du "docteur Safran", mais il paraît que la priorité n'est pas donnée à la culture...
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Michael Pakenham et Isabeau l'Epistophile sur le chemin du cimetière d'Auver-sur-Oise dans les "champs de blé aux corbeaux"
**J'imagine la tête de Zola le bourgeois, moralisateur et pudibond assistant à un "mardi" de Rachile !

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