07/01/2015
WALDER, L'ASSASSIN DE LA PLACE BEAUVAU : Un crime oublié. Les recherches d'un agent de la Sûreté. Sur la piste d'un Médecin en chef au Nicaragua. La police du Venezuela.– L'impuissance de la loi.
Par Bernard Vassor
irrécusables. Pendant longtemps le nom de Walder a été jeté à la face des agents de la Sûreté, comme un sanglant reproche et comme une preuve d'incapacité.
Et pourtant la préfecture avait redoublé de zèle et de vigilance; Le signalement de Walder avait été
envoyé dans tous les ports; les garnis de Paris avaient été fouillés de fond en comble. De nom-
breux agents avaient sillonné les pistes les plus diverses et les plus éloignées, mais rien, absolument
rien n'avait pu les mettre sur la trace du coupable. Le dévouement d'un agent
Cependant la famille de la victime ne désespérait pas. La police, elle, avait renoncé à toute poursuite
et l'affaire venait d'être définitivement classée. De plus, l'oubli se faisait peu à peu dans l'opinion publique, à ce point que, depuis quelque mois le nom de Walder l'assassin ne réveille plus que de vagues souvenirs. Un jour, un agent qui avait été chargé de l'affaire, vint trouver un membre de la famille de la victime et lui dit : On renonce à trouver Walder. Il me semble qu'on a tort de se décourager. Si vous voulez, moi, pable d'incapacité.
Et pourtant la préfecture avait redoublé de zèle et de vigilance; Le signalement de Walder avait été
envoyé dans tous les ports; les garnis de Paris avaient été fouillés de fond en comble. De nom-
breux agents avaient sillonné les pistes les plus diverses et les plus éloignées, mais rien, absolument
rien n'avait pu les mettre sur la trace du coupable. Le dévouement d'un agent
Cependant la famille de la victime ne désespérait pas. La police, elle, avait renoncé à toute poursuite
et l'affaire venait d'être définitivement classée. De plus, l'oubli se faisait peu à peu dans l'opinion pu-
blique, à ce point que, depuis quelque mois le nom de Walder l'assassin ne réveillait plus que de va-
gues souvenirs.
Un jour, un agent qui avait été chargé de l'affaire, vint trouver un membre de la famille de la
victime et lui dit : On renonce à trouver Walder. Il me semble qu'on a tort de se décourager. Si vous voulez, moi, je me charge de retrouver l'assassin. Donnez-Moi carte blanche et mettez à ma disposition quelques billets de mille francs. La proposition fut agréée et l'agent se mit en campagne. L'inspecteur de la sûreté avait déjà quelques indices. On soupçonnait la présence de Walder dans l'Amérique du Sud, et il résolut de poursuivre ses
irrécusables. Pendant longtemps le nom de Walder a été jeté à la face des agents de la Sûreté, comme un sanglant reproche et comme une preuve d'incapacité. Et pourtant la préfecture avaIt redoublé de zèle et de vigilance; Le signalement de Walder avait été envoyé dans tous les ports; les garnis de Paris avaient été fouillés de fond en comble. De nombreux agents avaient sillonné les pistes les plus diverses et les plus éloignées, mais rien, absolument rien n'avait pu les mettre sur la trace du coupable. Le dévouement d'un agent Cependant la famille de la victime ne désespérait pas. La police, elle, avait renoncé à toute poursuite et l'affaire venait d'être définitivement classée. De plus, l'oubli se faisait peu à peu dans l'opinion publique, à ce point que, depuis quelque mois le nom de Walder l'assassin ne réveilla plus que de vagues souvenirs. Un jour, un agent qui avait été chargé de l'affaire, vint trouver un membre de la famille de la victime et lui dit On renonce à trouver Walder. Il me semble qu'on a tort de se décourager. Si vous voulez, moi, je me charge de retrouver l'assassin. Donnez-moi carte blanche et mettez à ma disposition quelques billets de mille francs. La proposition fut agréée et l'agent se mit en campagne. L'inspecteur de la sûreté avait déjà quelques indices. On soupçonnait la présence de Walder dans l'Amérique du Sud, et il résolut de poursuivre ses
recherches dans le nouveau monde.
Pour l'aider dans ses investigations, l'agent ré-
clama le concours d'un valet d'écurie du maréchal
de Mac-Mahon. Au temps où le duc de Magenta était
à l'Elysée, Dominique, –le domestique fréquentait souvent chez le pharmacien de la place Beauvau
et prenait tous les matins le vin blanc, avec Walder, l'élève en pharmacie. Il connaissait donc bien cet assassin.
L'agent (il ne nous est pas encore permis de
donner son nom) et Dominique le domestique partirent pour
l'Amérique. Pendant plusieurs semaines ils suivirent, puis perdirent et retrouvèrent successivement les traces de l'élève en pharmacie. Finalement, l'argent venant à manquer et l‘assassin courant toujours
devant eux, ils durent renoncer à leur poursuite, et, honteux dépités et découragés, ils rentrèrent bredouilles à Paris, comme récemment , envoyés sur le nouveauSoudais et Houillier
continent à la recherche d'Eyraud *(un autre assassin en fuite), revinrent en France sans avoir pu rejoindre l'assassin de Gouffé.
Comme pour le complice de Gabrielle Bompard*, il a fallu un hasard pour découvrir la retraite de Walder. Au cours de ses nombreuses pérégrinations, l'agent de la sûreté qui avait noué des relations avec les polices des républiques du Chili, du Guatemala, du Vénézuéla, etc., et leur avait promis une forte prime, au cas où elles découvriraient Walder. Comme nous l'avons déjà dit l'affaire Walder était oubliée depuis fort longtemps. Aussi quelle fut la surprise de l'agent qui avait « marché sur cette affaire », en recevant une lettre de Caracas (Venezuela), et portant ce qui suit :
« Nous avons trouvé l'individu que vous êtes venu chercher chez nous, il y a quelques années.
Depuis longtemps, il est établi pharmacien à Caracas, et demeure rue (calle) Diego Losada, sous le nom de Welser. « Ce nom d'emprunt est celui d'une famille de patriciens d'Augsbourg qui colonisèrent la
République en l'an 1550. Attirée par ce nom respecté, notre attention se portait depuis quelque temps déjà sur le pharmacien français, et tout récemment nous avons eu d'avoir la confirmation de nos soupçons. Dans
une conversation que nous avons eue avec ce Walder, il n'a pas hésité à nous dire :
« Oui, c'est moi, qui, dans un moment de folie, ait assassiné mon patron. J'étais fou, il me semble, et je ne me suis jamais expliqué mon crime. Aujourd'hui je puis en parler, car n'ai plus rien à craindre, parce que, d'après la loi française il y a prescription. Si vous voulez des détails, les voici
Après l'assassinat, revenu subitement à moi, j'ai d'abord voulu me livrer. Puis, l'instinct de la conservation l'emportant, je me suis réfugié aux
environs de la gare Saint-Lazare où je suis resté deux mois. Après quoi je suis parti pour Nantes. De là j'ai gagné Saint-Nazaire, puis Paimbœuf, d'où une chaloupe m'a conduit à bord d'un transatlantique. Le transbordement s'est fait sans encombre. Le navire ne faisait pas escale dans les Antilles
françaises. J'ai ainsi pu gagner le plus tranquillement du monde l'Amérique du Sud. Après une vie accidentée, j'ai résolu de m'établir ici. Vous pouvez raconter tout cela. Je n’ai plus rien à craindre. D'ailleurs j'ai racheté mon crime par une vie exemplaire et depuis dix ans personne n'a plus rien à me reprocher.
Telle a été la déclaration du sieur Walder. Nous croyons devoir ajouter que, si, en vertu de la loi française, la prescription couvre le crime de cet individu, d'autre part il n'existe pas de traité d'extradition entre notre pays
et le vôtre. Une arrestation serait donc inutile. En tous cas, nous sommes à vos ordres »
La lettre ajoute en post-scriptum que Walder a été médecin en chef d'une armée du Nicaragua, au
cours d'une des dernières révolutions qui ont bouleversé ce petit pays.
Confirmation Walder est donc retrouvé. Il est exact que la prescription
criminelle est de dix ans et que l'assassin est maintenant à l'abri de la justice. Il est exact aussi qu'il n'y a pas de traité d'extradition avec le Venezuela, et qu'il faut se résoudre à classer définitivement Walder parmi les assassins impunis.
Il serait bon, dans l'intérêt du droit des gens, que la France put enfin conclure un traité d'extradition avec
les Républiques espagnoles et enlever ainsi l'assurance de l'impunité aux assassins de la vieille Europe. Quand bien même, Walder serait à Paris que M. Goron lui-ême ne pourrait l'arrêter. L'agent qui pourchassa Walder avait songé un moment à faire enlever de vive force l'assassin, à le mettre dans une malle et à
faire embarquer ce colis vivant sur un vapeur, français, mais, en consultant le code, il a dû se résigner et renoncer à son projet.
*Consulter sur ce blog l'affaire les concernant...
11:54 Publié dans HISTOIRE DE PARIS | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg
Commentaires
félicitations pour ce travail remarquable
MERCI
Écrit par : LECAS | 23/04/2007
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