10/04/2007
PARIS RIDICULE, CLAUDE LE PETIT
Par Bernard Vassor
LA MAISON-AUX-PILIERS AVANT LA CONSTRUCTION DE L'HÔTEL DE VILLE, LA PLACE DE GREVE
L'HÔTEL DU BOCADORE
Toutefois, n'allez pas, goguenard dangereux
Faire Dieu le sujet d'un badinage affreux;
A la fin, tous ces jeux que l'athéisme élève
Conduisent tristement le plaisant à la Grève.
Boileau : "l'art poétique"
Claude Le Petit (1635 ?-1667 ?), avant d'être lui-même brulé vif sur cette place (en 1667), avait composé un sonnet sur un nommé Chausson, sodomite convaincu après avoir assisté au supplice du malheureux, il célébra ainsi son attitude courageuse :
SONNET DE LE PETIT SUR LA MORT DE CHAUSSON
Amis, on a brûlé le malheureux Chausson,
Ce coquin si fameux, à la tête frisée,
Sa vertu par sa mort s'est immortalisée ;
Jamais on expira de plus noble façon.
................
Il chanta d'un air gai la lugubre chanson,
Et vêtit sans pâlir la chemise empsée,
Et du bûcher ardent de la paille embrasée,
Il regarda la mort sans crainte et sans frisson.
.................
L'infâme vers le ciel tourna sa croupe immonde;
Et pour mourir enfin comme il avait vécu,
Il montra le vilain son cul à tout le monde.
Claude Le Petit dénoncé par son libraire ,un certain Loyson Pépingué et trahi par un singe*.... pour des écrits marqués d'athéisme dont on prétend qu'il y avait un sonnet intitulé "Le Bordel des Muses" (tiré à douze exemplaires), mais qui ne serait pas de Le Petit selon Tallemant des Réaux, mais de l'abbé d'Estelan...
Ignorant qu'il serait conduit au supplice sur cette place, Claude Le Petit brocarde l'hôtel de Ville :
Ridicule cornue , copie
D'une coque de limaçon,
chef d'oeuvre d'un aide-maçon,
Pilloté sur de l'eau croupie
Les rats tiennent chez toy bordel
Et tu sens plus l'Hostellerie
Que tu ne parais un Hostel
Le "PARIS RIDICULE" écrit vers 1655 n'épargnait personne, ni la religion, ni le roi et ses ministres, ni Dieu, ni Diable, était en rébellion contre tout ordre établi. C'est à l'imitation de Saint-Amant que son Paris Ridicule faisait le pendant de La Rome Ridicule de son maître.
Les singes domestiques étaient nombreux à l'époque. C'est un de ces animaux qui fut la cause de la triste fin de Le Petit, en jetant par la fenêtre des vers impies !!!
12:25 Publié dans HISTOIRE DE PARIS | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
Les commentaires sont fermés.