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03/06/2010

Les "Amazones" de 89, 48 et 1871

PAR BERNARD VASSOR

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La notice ci-dessus, est bien sûr limitée, compte tenu de la place accordée dans un blog, les principales informations proviennent de recherches à la bibliothèque Marguerite Durand il y a quelques années, grâce à la patience et l'amabilité des documentalistes et de la
conservatrice : Annie metz.
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Les femmes de 89 furent à l'avant-garde de la Révolution. Dès le début de juillet, il y eut à Paris des mouvements de révolte contre la misère et les souffrances qui s'étaient abbattues sur le petit peuple. Michelet raconte que le samedi 3, une dame, au café de Foy, dénonça "les cocardes antinationales, et le danger public". Lundi 5, aux halles, une jeune fille, prit un tambour, battit la générale et entraîna toutes les femmes du quartier. Le 4 octobre au soir, "une femme courageuse, qui au milieu d'une foule de malheureuses créatures qui n'avaient pas mangé depuis trente heures court du quartier Sant-Denis au Palais-Royal, elle se fait jour dans la foule qui pérorait, elle se fait écouter; c'était une femme de trente-six ans, bien mise. Elle veut qu'on aille à Versailles, elle marchera en tête. On plaisante, elle applique un soufflet à l'un des plaisants. Le lendemain, elle partit des premières, le sabre à la main, prit un canon à la Ville, se mit à cheval dessus, et le mena à Versailles, la mèche allumée"
Plus tard, à partir de 1790, des centaines de clubs et de sociétés feminines furent crées dans beaucoup de villes et même villages enFrance. Citons dans le désordre : Annonay, Le Puy, Auch,. Pau, Orthez, Bayonne,  Damazan, Marmande, Bordeaux qui possédait plusieurs clubs féminins, Périgeux, Cognac, Limoges (où s'illustra la fougeuse citoyenne Laferrière qui organisaun bataillon d'Amazones armées),dans le Lot et Garonne, Coutances en Normandie, Marseilles, Grenoble etc...la liste des clubs pourait constituer un volume à elle seule...
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Sylvain Maréchal un des plus acharnés anti-feministe.
Plusieurs clubs furent créés par une jeune femme de Montauban Olympe de Gouges, que l'on disait illettrée.
A partir de 1791, un peu partout, dans les grandes villes de France, des femmes s'organisèrent et se rassemblèrent dans des  "Clubs de femmes". Ce qui ne plut pas aux hommes du Conseil exécutif provisoire qui firent interdire de telles réunions.
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L'admission des femmes dans les clubs ne fut pas du goût de tout le monde.
Une feuille politique  "La mère Duchêne à Lyon" imprima la déclaration suivante :
"Il s'est formé un club jacobino-femelle qui a arrêté par son règlement un drapeau rouge que l'on ferait garder par l'évêque Damourette...-Je sommes, dit la mère Carpillondu club des Citoyennes dévouées-t"à la nation; et fourche ça ira ! je ne laisserons pas le monde s'éteindre fiaute de bons patriotes..."
Une autre fit imprimer toujours à Lyon une ridicule :
"Déclaration du Droit des femmes"
"Article premier- Les femmes naissent vivent et meurent avec le droit de parler. Elles sont égales en prétention à cet égard (...)
Article 17 -L'art deraisonner étant, chez la femme, un droit inhérent et imprescriptible, nulle femme ne peut en être privée jusqu'à ce qu'il ne plaise à la nature d'en faire d'autres différemment constituées.."
Les femmes lyonnaises peu de temps après, montrèrent qu'elles savaient se faire entendre. Le 15 septembre, au nez et à la barbe des hommes, elles s'emparèrent de la ville, et en furent maîtresses pendant trois jours. Elles taxèrent les denrées, forcèrent les épiciers à ouvrir boutique et occupèrent les places et les marchés.
Des "commissaires de police féminines" veillaient à l'application des nouveaux tarifs que les autorités s'étaient vues imposer de contresigner sans moufter !
Lyon possédait plusieurs clubs féminins qui changèrent parfois de nom. En dehors des "Citoyennes dévouées à la nation", il y eut : "Les amies de la Constitution",( dont la présidente était la citoyenneCharpine,le bureau était mixte) Elles se réunissaient au n° 736 de la rue du Pas-Etroit, au coin de la rue Commarmot)-"Les Amies de la Liberté et de l'Egalité", présidente, la citoyenne Charton, -"Les Amies de la République"
C'est ainsi que l'on peut lire dans le bulletin de la Convention nationale du 19 au 26 janvier 1793, un article consacré à un club féminin à Lyon :
Club de femmes à Lyon(1793).
"Rien ne seroit plus édifiant, plus utile même qu'un cercle de bonnes mères de famille du même quartier, se réunissanteb385780112e0c37824a71f112d7b1d1.jpgchaque jour à une certaine heure, leurs enfans sur les genoux, & de l'ouvrage à la main. Qu'elles se consultent réciproquement sur les devoirs de leur état, qu'un citoyen père de famille, vienne chaque jour leur faire part des évènements de la journée & leur lise les lois nouvelles décrétées par l'assemblée nationale, il n'y auroit rien à dire à cela, c'est tout naturel.
Mais que penser de ce club de femmes qui vient de s'ouvrir à Lyon ? Assurément nous sommes les premiers à rendre hommage à la pureté des intentions de ces bonnes citoyennes; mais pourquoi s'être donné une présidente ? Pourquoi tenir des séances en règle ?
Pourquoi un registre des procès-verbaux des séances ? Passe encore pour l'hymne à la liberté qu'elles chantent d'ordinaire avant de se séparer; mais pourquoi inviter les trois corps administratifs, département, district & municipalité, à assister à la tenue de leur assemblée ? Pourquoi la présidente Chareton & la citoyenne Charpine s'adressent-elles aux magistrats, pour inviter l'évèque l'Amourette à leur composer un nouveau cathéchisme plus à l'ordre du jour ? Est-il un décret qui oblige les mères de famille à faire apprendre à leurs enfants ? (...) Une mère de famille a-t-elle besoin de livres pour éduquer ses enfants ? Le ppère n'est-il pas là pour partager l'éducation des siens ?" écrit indigné le chroniqueur lyonnais pour conclure pus loin la main sur le coeur :
"Au nom de la patrie (...)au nom des bonnes moeurs domestiques dont les clubs de femmes sont les fléaux, nous conjurons les bonnes citoyennes de Lyon de rester chez elles, sans s'inquiéter du cathéchisme de l'évèque Lamourette.
Nous les conjurons de réfléchir au tort qu'elles causoient sans s'en douter à la République, si chaque bourgade de France alloit les iliter. Il y auroit partout des clubs & nulle part bientôt de bons ménages bien tenus."
(Avis aux femmes formant un club dans la ville de Dijon).
Les clubs une fois interdits, laissèrent place à une "Société des Femmes Révolutionnaires"dirigée par une fille courageuse et éloquente Rose Lacombe.Elle s'attira la haine de Robespierre des jacobins, et aussi des poissardes dames de la halle, qui étaient en majorité royalistes, elles faisaient porter la responsabilité de la baisse de leur commmerce aux sociétés de femmes, qui, habillées en homme et armées se promenèrent dans les halles et injurièrent les poissardes. Celles-ci se précipitèrent sur elles, et plus robustes de constitution, elles appliquèrent une "indécente correction" aux envahisseuses, à la grande joie malsaine des hommes présents ravis de ce spectacle émoustillant.
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On trouve dans une feuille révolutionnaire (masculine) une observation d'une femme sur "La Société des Citoyennes révolutionnaires" :
"S'il manquait quelque chose à Paris, la surveillante de la République, c'est sans contredit, une association de femmes, telle que celle qui vient de se former, où les femmes après avoir rempli leurs devoirs domestiques, vont apprendre à être républicaines de moeurs et de principe (...)" Cette société fut à peine formée qu'elle fut en butte à toutes sortes de calomnies; il est vrai qu'elle débuta bien mal, en arrêtant qu'elles porteraient toutes la cocarde nationale et invitant par une adresse aux quarante huit sections : du 12 mai toutes les citoyennes qui sentaient tout le prix de la liberté de les imiter; invitation qui fit pleuvoir sur elles tous les blasphèmes que l'on puisse imaginer de la part de ces êtres ignorans et serviles de leur sexe, qui sont abrutis dans les préjugés, elles n'ont eu, pendant longtemps que ces individus méprisables pour ennemis; mais le caractère de cette société et les principes invariables qu'elle professe, lui en ont fait bien d'autres, ce sont les hommes qui s'aperçoivent qu'à mesure que les femmes s'éclaireront, leur despotisme marital disparaîtra (...) ils ont beau faire, les femmes commencent à voir qu'elles ne
sont pas faites pour être plus avilies qu'eux(....)
La conclusion est la suivante :
"A mon avis, les femmes qui ne sont pas dans les bons principes, sont aussi dangeureuse que les hommes; c'est pourquoi j'invite la société des républicaines révolutionnaires à mettre cet objet à l'ordre du jour dans ses délibérations"
Une autre femme, dans une adresse à l'assemblée, demanda :
"La permission de nous procurer des piques, des pistolets & des sabres, même des fusils pour celles qui auroient la force de s'en servir, en nous soumettant aux règlements de police"
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Premier Comité provisoire des femmes pendant la Commune de Paris de 1871, Cour des Petites Ecuries...
Document Archives de Paris, Archives nationales Guide des Sources du mouvement Communaliste, La Documentation Française 2007, cahier iconographique B.V.
Archives de Paris.
Mise à jour le 3 juin 2010