26/07/2008
RUE AUX OURS, LA MESAVENTURE D'UN GARDE SUISSE
PAR BERNARD VASSOR
La rue aux "Oues", c'est à dire "aux Oies" avant d'être "aux Ours", était au moyen âge le lieu de rassemblement des rôtisseurs d'oies.
En 1418, le 3 juillet, un garde suisse qui venait de perdre tout son argent au jeu, sortant d'une taverne, ivre de rage, il se précipita sur une statue de la vierge située à l'angle de l'ancienne rue Salle-au-Comte et de la rue aux Ours. (partie disparue dans le percement du boulevard Sébastopol) Il la frappa plusieurs fois de sa dague, et, nous dit la légende, la statue saigna. La foule qui s'était attroupée, se saisit du soudard et le conduisit devant la chancelier de France Henri de Marle. Après un jugement expéditif, le soldat fut reconduit devant le lieu de son forfait, et là, on lui perça la langue au fer rouge "on lui donna tant de coups d'escourgée que les entrailles lui sortirent du corps. Ensuite on le brûla sur un bûcher improvisé et l'on dispersa ses cendres au vent, la foule se disputant les débris enflammés ".
La statue fut le lendemain déposée dans l'église toute proche de Saint-Martin-des-Champs. Cette légende donna lieu tous les ans à la date anniversaire du 3 juillet, une cérémonie au cours de laquelle on dressait un échafaud sur lequel un mannequin d'osier de 6 mètres de haut, portant un uniforme rouge de garde suisse était brûle devant la foule qui chantait des cantiques en hommage à la sainte vierge. Les trois jours qui précédaient la manifestation, le mannequin était promené dans les rues avoisinantes, un poignard sanglant à la main, il devait s'incliner devant toutes les représentations de la sainte qu'il croisait en chemin.
Les historiens ont eu beau jeu de démontrer qu'il n'y avait pas de garde suisse à la solde de la France à cette époque, et qu'aucun registre du parlement ne mentionnait un quelconque procès, peu importe, la superstition et les intérêts bien compris de l'Eglise firent que les processions durèrent jusqu'en 1789. date où elle furent interdites.
L'histoire pourrait s'arrêter là, mais, en 1794 quelques fanatiques religieux s'emparèrent de la statue de l'église où elle avait été déposée pour la cacher. Après enquête, on se saisit d'un nommé Adam qui avoua qu'avec l'aide de ses compagnons, la statuette avait été transportée dans sa chambre.
La statue retrouvée avait deux pieds de haut (environ 60 centimètres), dix huit petites marques signalaient les endroits où elle était censée avoir été frappée. Deux moines avaient signé un certificat d'autenticité ! La statue alla rejoindre toutes les reliques saisies comme bien national.
Devant le tribunal révolutionnaire ils comparurent sous l'inculpation "d'avoir conspiré contre la République et la liberté en cherchant à égarer le peuple par le fanatisme et la superstition".
C'est le doux et charmant Fouquier-Tinville, qui prononça la sentence. Adam et ses complices montèrent sur la bascule du bon docteur Guillotin le 29 mars 1794.
Plan de Paris dit "plan de Bâle" en 1552
Comme nous l'apercevons sur ce plan, la rue Aux Ours était cernée par l'hôpital Saint Jean, l'église Saint Leu Saint Gilles, l'église Saint Magloire, et l'hôpital Saint Julian. Prolongeant la rue de la Truanderie, et la rue de la Vieille Poterie à l'opposé.
21:05 Publié dans Histoire des rues de Paris | Tags : docteur Guillotin, Henri de Marle.RUE AUX OURS | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg