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19/01/2009

Les chefs de claque du théâtre aux XVIII° et XIX° siècle : "Les Chevaliers du Lustre"

Par Bernard Vassor

Caballe largeur.jpg
La "claque" était à cette époque l'objet de controverses; le public lui reprochait d'être inopportune et de troubler de façon bruyante les spéctacles. Nous connaissons, grâce à un rapport d'un préfet de Police manuscrit, les mystères de la claque, une multitude de détails sur le recrutement des claqueurs sur leur rétribution, et sur ceux et celles qui les utilisaient. 
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Voici un extrait de ce rapport : "Depuis quelques temps les représentations des pièces nouvelles dans les théâtres de la capitale, sont troublés par des sifflets ou soutenus par des applaudissements prolongés presque aussi incommodes que ces marques bruyantes d'improbation. Si la pièce était bonne, et qu'une partie voulut la faire tomber, une lutte s'établissait bientôt entre les caballeurs et le parterre, où ces hommes turbulents avaient soin eux-même de se placer. Si au contraire, ce qui arrivait le plus souvent, la pièce était mauvaise et qu'il fut question de la soutenir, c'est alors le public qui avait à en souffrir. Les spectateurs perdaient toute patience et sifflaient une pièce, qui sans leur approbation et celle des amis de l'auteur serait tombée sans bruit. La surveillance de la police cherchant à maintenir le bon ordre dans les théâtres, mais les excès auxquels on s'est porté, par exemple au théâtre de l'Odéon aux premières de Christophe Colomb, ont forcé d'avoir recours à la force, comme ce que l'on a appelé "La bande noire des Théâtres", comme il y avait "La bande noire des adjudications"
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Une enquête a révélé qu'il n'avait pas été distribué moins de cent billets, donné par le sieur Dumaniaut, attaché à la direction de l'Odéon, billets qui étaient distribués à des chefs de caballeà des hommes que l'on faisait entrer par la porte de derrière. C'est aussi ce qui se pratiquait dans beaucoup d'autres théâtres. L'arrestation d'un certain nombre de ces chefs de caballe, mit momentanément un terme à ces pratiques qui reprirent de plus belle quelques temps après.Parmi ces caballeurs nous trouvons les individus suivants : Pierre-Nicolas-Michel Leblond, le plus recherché comme le plus redouté des caballeurs, 31 ans, natif de Goderville, Seine-Inférieure, demeurant rue Saint-Honoré 278. Il avait sous ses ordres environ quarante personnes parmi lesquels on signale un graveur nommé Féchot, le sieur Hubchecorne apothicaire, Michamou, coiffeur, le domestique de Millon, maître de ballet de l'Académie Impériale de Musique et de la Danse,puis, un nommé Moreau employé aux douanes.

Les auteurs qui avaient recours à Leblond^pour se faire applaudir étaient très nombreux. Les acteurs et actrices avides de succès, parmi les plus grands  distribuaient aussi des billets à Leblond. Par exemple Talma, Desprez, Emilie Levert, Mlle Georges, Mlle Duchesnois (...)"

Les plus grands noms du Théâtre-Français et du Théâtre Feydeau figurent également sur une autre liste. Leblond recevait en outre des bijoux, de l'argent et même des pensions. Les compositeurs de musique étaient moins généreux, mais, passaient à la caisse quand même. Leblond a fait l'aveu à la police que Mlle Georges lui avait fait cadeau d'une épingle en diamant et quelques louis, il à ajouté quelques détails intimes et dégoûtants de parties fines à trois en compagnie du sieur Mariani (?). Il a avoué qu'en reconnaissance des bontés de Mlle Georges avoir, à sa sollicitation dirigé trois caballes contre Mlle Duchesnois aux représentations d'Athalie

Fin de la première partie.