Par BERNARD VASSOR
Dédié à mon ami Gérard Comte, l'historien, du XIII° arrondissement . Passionné, il a bataillé ferme pour que l'on donnât le nom de Bergère d'Ivry dans ce quartier à une rue, un carrefour ou une place, plutôt que celui d'un obscur politicien, militaire ou chanteur à la mode, comme nous avons l'habitude de le subir trop souvent dans Paris. Ce serait un bel hommage à lui rendre pour toutes les actions qu'il a menées pour l'histoire de son fief...
........
L'ASSASSINAT DE LA BERGÈRE D'IVRY
C'était non loin de l'endroit où coulait la Bièvre en un canal souterrain, à l'endroit ou une légende raconte que
Jules César avait goûté le fameux
vin du clos Croulebarbe, non loin du
Clos Payen où
George Sand et
Alfred de Musset y avaient caché leurs premières amours, que notre Bergère une jeune fille nommée
Aimée Millot gardait ses chèvres dans les années 1825.
Il y avait de nombreuses guinguettes dans le voisinage : La Belle moissonneuse, Les Deux Edmond, Le Grand Vainqueur, la petite Aimée était une jeune fille sage, chacun l'aimait dans le quartier où on la voyait garder les chèvres de madame Detrouville, femme très austère, qui ne badinait avec les principes !
.........
La jeune fille s'était fiancée à un jeune garçon un peu fou qui s'appelait Honoré Hulbach. Cette idylle vint aux oreilles de madame Detrouville qui sermonna la bergère en lui enjoignant de rompre tout contact avec ce garçon et de lui rendre tous les présents qu'il lui avait faits : deux oranges, une demi-bouteille de cassis et un fichu. Ce que fit la jeune et sage Aimée Millot qui était surnommée la Bergère d'Ivry.
Fou de rage, Honoré Ulbach, alla acheter un couteau chez un brocanteur rue de la Montagne- Sainte-Geneviève le 25 mai 1827 à dix heures le matin. Puis, pour surprendre la jeune fille, il s'était caché derrière un arbre, dans le champ de l'alouette* et lorsqu'il vit arriver sa promise, se précipita sur la pauvre petite, et la frappa de cinq coups de couteaux. Ivre de douleur et de remords, il alla se cacher dans un garni de la rue du Chantre, puis, vint se livrer lui-même à la police. Il fut jugé et condamné à mort. Le 10 septembre 1827, conduit en place de Grève, et sous les auspices du bourreau, "éternua dans le panier de Sanson"
*Le lieu-dit Le champ de l'Alouette se trouvait environ aux environs de l'actuel boulevard Blanqui, de la rue Payen et débouchait rue de la Glacière.