09/10/2006
Symphonie sur l'influence du bleu dans les Arts
C'est Alexandre Schanne, le peintre musicien marchand de jouets, qui servit de modèle à Henry Murger pour le personnage de Shaunard dans le Corsaire-Satan un canard satyrique pour un feuilleton qui s'intitulera "Scènes de la Bohème". "Le Corsaire" était une de ces petites feuilles boulevardières qui parlaient des moeurs, du théâtre,
du mouvement des arts et de la littérature. Son propriétaire était Lepoitevin de Saint-Alme (fondateur du premier "Figaro" que nous retrouverons dans le prochain article) il eut comme co-auteur le jeune Balzac !
Schaunard qui avait plus de dispositions pour la musique que la peinture, accompagnait les chanteurs, quand la musique ne les gênait pas pour chanter faux. Mlle Louisette qui disait la romance, était ravie lorsque après l'exécution de quelques compositions de son cru,comme la Symphonie sur l'influence du bleu dans les Arts, Schaunard consentait à l'accompagner.
Louisette que Murger nommera Phémie, travaillait dans un atelelier de fleurs et de feuillage, peut-être avec Lucile ouvrière et fleuriste comme elle, que Murger appelera Mimi . Celle-ci qui a un très bon coeur, ne peut supporter quand elle a un lit chez elle, de voir un poète sans domicile s'en aller loger à la belle étoile. Schanne ne fit pas partie du cénacle des Buveurs d'eau, les statuts de cette association interdisant d'être membre à tout individu qui ne vivrait pas uniquement de son art. Or Schannne recevait des subsides de son père qui fabriquait des jouets rue Aux Ours. Néanmoins il était un des plus assidus aux réunions dans les cafés ou les goguettes que fréquentaient les "vrais bohèmes".
La, si do, ré, maintenant pour bien comprendre le lac bleu, il faudrait quelque chose d'humide, d'azuré, de clair de lune.(...) Voyons le mineur ...il doit dépeindre adroitement le chagrin d'une jeune fille qui effeuille une marguerite blanche dans un lac bleu (...) Schaunard musicien peintre, compose sa musique pour illustrer des histoires où les couleurs devaient correspondre à des notes ou des accords.
Nous retrouvons parmi les artistes qui ont fréquenté Murger à Marlotte, une vieille connaissance, Ernest Cabaner, qui a peut-être connu Alexandre Schanne ?
Quelques membres de la Société des Buveurs d'Eau : les frères Desbrosses, Lelioux, Léon Noël, Tabar Chintreuil, Villain, Cabot, Vastine, Guilbert, Chamfleury, Christ (le peintre J.Desbrosses), Gothique, Nadar, Eugène Pottier (celui de "l'Internationale") Karol Cabot Montaudon, tous trois morts de misère.....
Ci-dessus, le café Momus 17 rue des prêtres Saint Germain l'Auxerrois :
"En ce temps là, Gustave Colline, Marcel, le grand peintre, Schaunard le grand musicien et Rodolphe le grand poète, comme ils s'appelaient entre eux, fréquentaient régulièrement le café Momus où on les avaient surnommés"les Quatre Mousquetaires" , à cause qu'on les voyaient toujours ensemble. (...) Monsieur Schaunard n'a pas craint d'y faire chanter en coeur un motif de sa symphonie : "L'influence du bleu dans les arts"
On peut lire dans "Le Nouveau Parnasse satyrique" un poème pornographique intitulé "Un mac intempestif " signe Schanne
(p 196)
Couleur bleue : 495 à 455 nm
moyenne : 475 nm
Fréquence : 6,3 10 puissance 14 Hz
Le bleu est la couleur la plus rare de la nature
Constitue l'un des onze champs chromatiques. Appartiennent à ce champ:
bleu acier, aigue-marine, bleu ardoise, azur, azur, azuré, azurin, bleu barbeau, bleu de Berlin, bleuâtre, bleu bleuet, bleui, bleuté, cæruleum, bleu canard, bleu céleste, cérulé, céruléen, céruleum, bleu charrette, bleu charron, bleu ciel, bleu cobalt, cyan, bleu dragée, bleu électrique, bleu France, bleu givré, bleu guède, bleu Klein, lapis-lazuli, lapis, lavande, livide, bleu Majorelle, marine, bleu des mers du sud, bleu nuit, bleu outremer, bleu paon, pastel, pers, bleu pétrole, plombé, bleu de Prusse, bleu roi, bleu roy, safre, saphir, sarcelle, bleu turquin, turquoise.
A consulter:
"Dictionnaire des mots et expressions de couleur. Le bleu" - Annie Mollard-Desfour (alapage.com).
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27/09/2006
Le clavessin électrique et le clavessin des couleurs
Encore un jésuite: Le père Jean-Baptiste (?) de la Borde fait paraître cet ouvrage très curieux
Le Clavessin électrique, avec une nouvelle théorie du mécanisme et des phénomènes de l'électricité, par le P.
de la Borde, S.J. Paris 1761, in 12.
(Juste pour paraître savant) : L'équation fondamentale de l'électrostatique, qui décrit la force d'interaction entre deux charges ponctuelles : Loi de Coulomb
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Laborde, Jean-Baptiste de. — Le Clavessin électrique; avec une nouvelle théorie du mécanisme et des phénomènes de l’électricité. Réimpression de l’édition de Paris, Guérin, Delatour, 1761. Genève, 1997. 1 volume in-16 de 192 pages, broché.
ISBN 2-8266-0505-4 Description d’un clavecin mû par une charge statique et qui devait sonner un peu comme le trémolo d’un orgue. L’instrument resta une curiosité mais est l’ancêtre des instruments électriques.
"Nous observons simplement que cette ingénieuse machine mériteroit d'être executée en beau, en grand, & qu'elle seule causeroit plus de plaisir que tous les spectacles électriques qui ont été donnés depuis vingt ans. (...)Ici c'est un instrument aussi réel que l'Orgue & que le clavessin ordinaire, il ne lui manque que d'être perfectionné et orné; c'est le cas de toutes les inventions"
Marin Mersenne (suite) (1588-1648). Important mathématicien (cycloïde, nombres premiers, théorie du son), : dans son Harmonie universelle, parle d'un "Cabinet d'orgue qui se transporte où l'on veut et que l'on nomme portatif". Il dit vouloir faire "un orgue si léger que chacun le puisse porter aussi aysement que le violon et le luth".Le 15 juillet 1635, il écrit à Nicolas-Claude Fabri de Peiresc: "Je m'occupe maintenant à trouver la manière de faire prononcer les syllabes aux tuyaux d'orgue. J'ai desja rencontré les voyelles a, e, o et u, mais i me fait bien de la peine,vê et fê. Je ne sçay si je pourray prendre le loisir de trouver les autres consonnes, à raison des differentes experiences qu'il faut faire sur ce sujet, lesquelles estant de coust, je laisseray le reste à ceux qui voudront passer outre." et puis j'ay treuvé la syllabe
Lettre de Doni à Mersenne, 27 f évrier 1636
Un orgue qui prononce les voyelles :
... Je crois que votre invention d’orgues qui prononcent les voyelles (dont vous me dites que vous en faisiez faire le cabinet) sera fort éstimé et qu’elle réussira très bien. J’aurois bien grand doute que cela se peut pratiquer aux consonantes, mais je croy que ne l’avez point entrepris...
Newton
l'Optique de newton : L'harmonie et la discordance des couleurs ne peuvent-elles pas venir du rapport des vibrations propagées jusqu'au cerveau par les fibres des nerfs optiques ; de même que l'harmonie et la dissonance des tons viennent du rapport des vibrations de l'air ? Et Question XXIII : La vision ne dépend-elle pas principalement des vibrations de ce milieu (éther), excitées au fond de l'œil par les rayons de lumière, et propagées jusqu'au sensorium par les fibrilles solides, diaphanes et homogènes des nerfs optiques ? Et l'ouïe ne dépend-elle pas des vibrations de ce milieu (ou de quelque autre), excitées dans les nerfs acoustiques par les vibrations de l'air, et propagées jusqu'au sensorium par les fibrilles solides, diaphanes et homogènes de ces nerfs ? Ainsi des autres sens.
Pour le problème de la vibration, le père Castel renvoie à Joseph Sauveur (1653-1716). Premiers travaux d'acoustiques en tant que science particulière. Publication dans les mémoires de l'académie des sciences en 1701 et 1702, publiés à Paris les mêmes années.
Membre de l'Académie des Sciences, en 1701 Joseph SAUVEUR y fit une communication très célèbre sur les Sons Harmoniques.Muet jusqu'à l'âge de sept ans, et sourd. Professeur au collège de France en 1686. On le reconnaît comme le fondateur de l'acoustique en tant que science particulière. Avec ses élèves, il détermine le nombre exact des vibrations sonores en comparant les différences de battements émis par les tuyaux d'orgue. En 1702, il complèta cette communication par cette "Application des Sons Harmoniques à la composition des jeux d'orgues" avec l'aide de Pierre-François Deslandes, Facteur d'Orgue Parisien. Joseph Sauveur n'a rien entendu à l'Orgue mais y a tout compris ... enfin ... presque ! Léon Souberbielle, dans son ouvrage "Le Plein-Jeu de l'Orgue Français à l'époque classique", a publié cette communication de Sauveur et nous aide à sa compréhension.
P.CASTEL, L'optique des couleurs fondées sur les simples observations et tournées à la pratique de la peinture, de la teinturee et des autres arts coloristes. S.J. Paris 1740 in-12
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