19/05/2015
LE CADAVRE NUMÉRO 12 SUR UNE DALLE DE L’HÔPITAL DE LA CHARITÉ.
A écouter sur le site Gallica de la BnF
LA VOULZIE
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k129692v.r=H%C3%A9g%...
Une souscription ouverte dans le but d'acquérir un coin de terre où l'on pût soustraire ses restes à une complète dispersion, ne produisit aucun résultat, et le destin, poursuivant le poète jusque dans la tombe, allait éparpiller ses cendres, quand un homme de cœur, qui fut son constant ami, M. Sainte-Marie Marcotte, acheta personnellement la concession perpétuelle d'un terrain dans lequel le corps de Moreau repose encore aujourd'hui. M. Sainte-Marie Marcotte raconte ainsi, avec une discrétion qui l'honore, dans la biographie qu'il lui a consacrée, la translation des cendres de son ami: « Un matin, au mois de janvier 1840, deux jeunes gens suivaient tête nue, à travers le cimetière du Montparnasse, les fossoyeurs qui « avaient exhumé de sa fosse provisoire le corps le de Moreau et le portaient à son dernier asile. Ils y étaient seuls. » L'un de ces deux jeunes gens était M. Sainte-Marie Marcotte lui-même.
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Deux de ses amis, des poètes ouvriers comme lui tinrent à lui rendirent un hommage posthume
C'est d'abord le regretté Pierre Dupont, à qui Hégésippe
Moreau est doublement cher, et comme poète,
et comme enfant de Provins par affection, qui écrit :
Passant, sur la pierre qui s'use
Aux baisers de l'air et de l'eau,
Lisez un nom cher à la muse ;
Hégésippe Moreau.
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C'est ensuite Pierre Lachambeaudie le saint-simonien, qui s'écrie, en songeant au Myosotis, sublime héritage du poète :
Salut à vous, fleur de saphir,
De l'amour gracieux emblème!
Douce compagne du zéphir,
Plus je vous vois, plus je vous aime
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EXTRAIT DE LA NOTICE BIOGRAPHIQUE ÉCRITE PAR SON AMI
SAINTE-MARIE MARCOTTE.
Hégésippe MOREAU fut enfant naturel ; ainsi, dans son dénuement de toutes choses, le nom qu'il portait ne lui appartenait même pas. Il naquit à Paris, rue Saint Placide, n° 9, le 9 avril 1810. Ses parents l'amenèrent tout petit à Provins, où son père avait trouvé une place de professeur au collège et où sa mère entra en condition chez madame Favier. Riais bientôt le père mourut ; la mère, femme supérieure à sa position par la délicatesse de son cœur, le suivit peu d'années après, et tous deux, traçant la route à leur fils, allèrent mourir à l'hôpital. Madame Favier garda avec elle l'orphelin, et veilla sur lui tant que dura son éducation ; c'est par elle qu'il fut placé gratuitement au petit séminaire d'Avon, près Fontainebleau. Moreau y composa ses premiers vers, à l'âge de douze ans; ses
impressions au séminaire, les vagues rêveries de son enfance poétique, il les a lui-même racontées dans la première pièce du Diogène. il eut terminé ses études, ta quinze ans, il entra
en apprentissage, par les soins de madame Favier chez un imprimeur de Provins. Ici commence pour Moreau une série de jours heureux, les seuls qui lui aient été dévolus sur la terre, pendant lesquels il dormit d'un doux sommeil, ne comptant ni les mois, ni les années ;jours pleins de lumière et de soleil dont ensuite le souvenir le poursuivit à travers les froides
ténèbres du reste de sa vie, et qu'il revoyait encore, à ses derniers instants, du fond de l'hôpital. Auprès de lui, sous le même toit, était une femme dont la cœur l'avait compris. Cette
*Philibert Audebrand , Les derniers Bohèmes
MISE A JOUR LE 19 MAI 2015
18:47 Publié dans L'auteur du "Myosotis" | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg