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23/02/2007

LE CAFE LEMBLIN ( ou bien Lambelin)

Par Bernard Vassor
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C'était au Palis Royal, le café des bonapartistes, puis sous la restauration, les demi-soldes fréquentèrent cet endroit. 
Balzac, dans :  Les Célibataires, un ménage de Garçon, en parlant de Philippe Bridau :medium_CAFe_Lemblin_Philippe_bridau_un_menage_de_garcon_05_sepia.jpg
"Philippe fut un des bonapartistes les plus assidus du café Lemblin, véritable Béotie constitutionnelle ; il y prit les habitudes, les manières, le style et la vie des officiers à demi-solde ; et, comme eût fait tout jeune homme de vingt et un ans, il les outra, voua sérieusement une haine mortelle aux Bourbons, ne se rallia point, il refusa même les occasions qui se présentèrent d'être employé dans la Ligne avec son grade de lieutenant-colonel. Aux yeux de sa mère, Philippe parut déployer un grand caractère." 
(...)"Le parti constitutionnel, soutenu surtout par les officiers en demi-solde et par le parti bonapartiste, fit alors des émeutes autour de la chambre au nom de la charte, de laquelle personne ne voulait, et ourdit plusieurs conspirations. Philippe, qui s'y fourra, fut arrêté, puis relâché faute de preuves ; mais le Ministre de la Guerre lui supprima sa demi-solde en le mettant dans un cadre qu'on pourrait appeler de discipline. La France n'était plus tenable, Philippe finirait par donner dans quelque piège tendu par les agents provocateurs. On parlait beaucoup alors des agents provocateurs. Pendant que Philippe jouait au billard dans les cafés suspects, y perdait son temps, et s'y habituait à humer des petits verres de différentes liqueurs, Agathe était dans des transes mortelles sur le grand homme de la famille."
Joseph Bridau quand à lui était artiste peintre débutant, il était l'élève du Baron Gros et du célèbre peintre le baron  Gérard :

"Joseph, effrayé de ces propositions, alla trouver Gérard, lui exposa sa situation, et le grand peintre lui obtint au Ministère de la Maison du Roi deux copies du portrait de Louis XVIII à raison de cinq cents francs chacune. Quoique peu donnant, Gros mena son élève chez son marchand de couleurs, auquel il dit de mettre sur son compte les fournitures nécessaires à Joseph. Mais les mille francs ne devaient être payés que les copies livrées. Joseph fit alors quatre tableaux de chevalet en dix jours, les vendit à des marchands, et apporta les mille francs à sa mère qui put solder la lettre de change. Huit jours après, vint une autre lettre, par laquelle le colonel avisait sa mère de son départ sur un paquebot dont le capitaine le prenait sur sa parole. Philippe annonçait avoir besoin d'au moins mille autres francs en débarquant au Havre." 

(...) "Le soir, au café Lemblin, au café Minerve, le colonel Philippe déblatéra contre le parti libéral qui faisait des souscriptions, qui vous envoyait au Texas, qui parlait hypocritement des Soldats Laboureurs, qui laissait des braves sans secours, dans la misère, après leur avoir mangé des vingt mille francs et les avoir promenés pendant deux ans. -- Je vais demander compte de la souscription pour le Champ d'Asile, dit-il à l'un des habitués du café Minerve qui le redit à des journalistes de la Gauche. "

Victor Hugo évoque aussi le café Lemblin dans "les Misérables" 


07/02/2007

ADELAIDE-LOUISE-PAULINE HUS

Par Bernard Vassor

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Née à Rennes en 1734. La paternité de François Hus, toute légale qu'elle fut, fut contestée par certains. La mère était une comédienne de province, une commère madrée, sachant tirer tout le profit possible des "protecteurs" de ses filles, selon des rapports de police, car Adélaïde avait une soeur qui elle aussi eut affaire aux inspecteurs du lieutenant de Police, monsieur de Sartines. Elle débuta à la Comédie-Française le 26 juillet 1751, dans Zaîre. Elève de mademoiselle Clairon, c'était une actrice fort médiocre. Elle fut aussi danseuse dans des comédies-balllets. L'actrice avait eu l'honneur de la dédicace d'un livre de Restif de la Bretonne. Mais mademoiselle Hus compte tenu du caractère licencieux la refusa. Nicholas-Edmé en prit son parti, et porta à la comtesse d'Egmont son exemplaire sur papier de Hollande.

Son charme, sa figure avenante, ses oeillades lui valurent la protection du prince de Condé, mais celui qui lui procura la fortune fut Auguste Louis Bertin, trésorier des partie casuelles, possesseur d'une grande fortune, libertin, il avait installé une sorte de conservatoire en face du château de la Muette. Il entretenait à grands frais cette Mlle Hus pour qui il avait aménagé l'ancienne demeure de Jean de Julienne à qui il l'avait racheté le 21 juin 1857. En 1760, la belle choisit comme amant un voisin fils du maître des eaux de Passy, le jeune Leveillard. Bertin simula un départ en province et le soir, Mlle Hus demanda à son jeune amant de venir la rejoindre. Bertin revint à l'improviste, et avec l'aide d'un serrurier. Il surprit ainsi sa compagne en compagnie galante. Il lui dit : --"Habillez-vous, faites des paquets de tout ce qui vous appartient, vous trouverez à huit heures une charrette pour les emporter, ma voiture n'étant plus faite pour vous conduire"

Après le départ de l'infidèle,  Bertin épousa la fille du gouverneur de la Bastille Mlle de Jumilhac en 1764. Quand à Mlle Hus, ellle reçut "l'aide" du duc de Bedford, puis on la retrouva avec le comte de Sarsalle, puis trois ans plus tard, elle était entretenue par monsieur Hocquart de Montfermeil. Elle était toujours à la Comédie-Française en conflit avec Mlle d'Epinay. Elle se maria le 8 janvier 1773 avec Louis-Elie Lelièvre, "distilateur ordinaire du Roi". Elle demanda le divorce en 1793. Enfin elle se consacra à des oeuvres charitables Elle mourrut en 1805 le 18 octobre dans une misère relative au Petit Carrousel près de la rue de Richelieu. Cette propriété charmante à Passy, rue Basse,(aujourd'hui rue Raynouard) que l'on avait appelé La Folie Bertin  fut ensuite divisée en trois parties dont une fut occupée par Balzac exactement sur l'emplacement de la salle de théâtre de l'ancienne Folie.  

Paul Jarry, Cénacles et vieux logis parisiens Tallandier 1930

16/06/2006

Pour l'amour des livres

La quatrième vente : Pierre Berès, 80 ans de passion

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Thomas More, description de l'Isle d'Utopie, Langelier 1550.
Edition originale de la traduction de cet ouvrage qui a exercé une influence déterminante dans l'histoire occidentale


C’est le mardi 20 juin 2006 que va avoir lieu à Drouot Richelieu, la plus impressionnante vente de livres et manuscrits que je n’ai jamais vu.
Des incunables illustrés allemands, des reliures somptueuses, des premières éditions vénitiennes ouvrages d’exorcisme illustrés, medium_Beres_exorcisme.jpgdes livres aux tranches peintes par des maîtres de la peinture italienne du XVI° sièclemedium_Beres_tranche.2.jpg Un exemplaire de l’humaniste Guillaume Budé composé en français pour l’édification du jeune roi François I°. C’etait l’exemplaire personnel de Louis XIII, en maroquin rouge aux armes du roi. De Jacques Callot nous est proposé une suite d’estampes originales en premier état reliée en vélin d’origine.
Provenant de la bibliothèque d’EDMOND DE GONCOURT,
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un illustré érotique japonais de Kitagawa Utamaro, avec sa couverture d’origine. Un exemplaire des suites de Goya pour « Los Caprichos » avec un manuscrit en espagnol relié à la fin nous donne une explication des eaux-fortes originales.
Nous arrivons maintenant au plus stupéfiant : à ce sujet, un ami écrivain académicien qui avait obtenu le Prix Henri Beyle dans sa jeunesse m’avait raconté l’anecdote suivante :
Pierre Berès qui voulait éditer un l’ouvrage d’un de ses amis peintre, avait invité chez lui cet auteur.
Après un entretien cordial, pour lui demander une préface. Pour l’impressionner, le libraire de l’avenue de Friedland sortit de son coffre une série de petits carnets qui vont être proposés à la vente ce mardi 20 mai.
Considéré comme le plus grand manuscrit littéraire du XIX°siècle de 570 pages autographes !
Maintenant, le manuscrit original de la Chartreuse de Parme reliés en 5 volumes.

Lecteur attentif, je suis fier d’avoir pris en défaut l’auteur de la notice du catalogue qui n’avait été jusqu’aujourd’hui relevée par personne. A la page 188 indique que le célèbre article de Balzac avait été publié dans la Revue de Paris, c’est dans La Revue Parisienne que « l’illustre écrivain » a rendu cet hommage à Frédéric Sthendalh (sic) tout en lui recommandant des modifications. De Gérard de Nerval un poème manuscrit à l’encre rouge écrit pendant une crise en 1853 ; cette ode est dédiée à Madame Aguado, la veuve du banquier de la rue Grange Batelière. L’exemplaire de Leconte de Lisle des « Fleurs du Mal », Madame Bovary avec la dédicace à Alexandre Dumas : « A Mr Alexandre Dumas, Hommage d’un inconnu.
Signe Gv Flaubert », celui-ci était un admirateur des Trois Mousquetaires qu’il avait lu dans sa jeunesse.
Le manuscrit original des Illuminations que Paul Verlaine fit éditer dans « la Vogue ».
Une édition en partie originale que je verrai bien dans ma bibliothèque de : « Le Coffret de Santal » de
Charles Cros avec une dédicace à Edouard Manet. medium_beres_Charles_Cros.jpgSon ami avait déjà illustré pour lui un tiré à part du poème Le Fleuve.
D’Octave Mirbeau et Octave Mirbeau (voir l’article Mirbeau)
La 628-E8 une reluire en maroquin bleu signée 628-E8 medium_beres_Mirbeau.jpgavec ce superbe envoi à « Mon ami Claude Monet qui a découvert plus de choses encore que je ne dis »
Arrêtons là, nous somme à la fin du dixneuvième…Pas la peine de venir à la vente, il y a peu de chance que vous puissiez acceder à la salle...mais venez voir l'exposition le lundi 19 juin de 11 heures à 18 heures.