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30/05/2012

La vente après décès en faveur de la veuve du père Tanguy.

Par Bernard Vassor 

Plédran,la touche jaguay

Lieu de naissance de Julien Tanguy.

Nous savons que c'est à une initiative d'Octave Mirbeau et de Maxime Maufra (ou plutôt de Maxime Maufra reprise par le généreux Octave Mirbeau au coeur fidèle)  que fut organisée la vente apès décès en faveur de Rénée Tanguy née Briend, la veuve de Julien Tanguy.

 Voici l'article que fit paraître le biographe d'Auguste Blanqui,  Gustave Geffroy : 

 

Dans quelques jours aura lieu, chez Georges Petit, la vente Tanguy. Qu’est-ce que la vente Tanguy ? C’est un exemple nouveau de la solidarité des artistes. Octave Mirbeau, dans l’Echo de Paris, puis Roger Milès , dans le Figaro ont raconté comment un vieux marchand de couleurs de la rue Clauzel « le Père Tanguy » mourait dans un dénuement absolu. Mirbeau donna son éloquence, sa passion à cette humble cause. Il écrivit un article improvisé, il montra le bonhomme dans sa boutique, le marchand devenu apôtre, croyant au génie et à l’avenir des peintres débutants qui achetaient chez lui leurs couleurs et le payaient quand ils pouvaient.(…). Il s’est trouvé que le Père Tanguy eut raison pour plus d’un, que nombre de ses anciens clients sont devenus célèbres. La médiocre situation du vieux ménage était de celles qui n’apparaissent  pas. Le bonhomme et la bonne femme continuaient paisiblement leur commerce, et voilà tout. C’est lorsque la mort fit son entrée que la vérité fut connue.

Mirbeau fit plus qu’un artiste. Il prit l’affaire à cœur, ne l’abandonna plus, réunit un comité dont Puvis de Chavannes accepta la présidence et qui fut composé de Rodin, Claude Monet, Renoir, Eugène Carrière, Raffaëlli, Camille Pissarro, Georges Petit, Philippe Gille, Henri Fouquier*, Cazin, Bergerat, P.Chevalier, Roger Milès, Roger Marx, Arsène Alexandre, etc…(…).

Le résultat fut tel qu’on pouvait le souhaiter. Hier, Roger Milès énumérait les peintures déjà réunies chez Georges Petit et citait les noms de Claude Monet, Rochegrosse,  Maurice de Lambert, Angrand, Signac, Edmond Cross, Carrier-Belleuse, Delpy, Berthe Morisot, Wagner, Petitjean, Lauth, Barillot, Schuller, Cabrit, Chudant, Jean Benner, Rodolphe Ernst, Jeanniot, Sisley, Léandre, Camille Georges et Lucien Pissarro, Dauphin, Dagnaux, Vauthier, Maximilien  Luce, Kaplan, Victor Vignon, Prouvé, Guillemet, Nozal, Detaille, Renoir, Moutte, Raffaëlli, Eliot, Gyp, Duez, Bethune.

Il y aura d’autres  noms, et probablement une autre liste pourra être publiée dans quelques jours. Le fonds de Madame Tanguy contient aussi des toiles infiniment curieuses, maintenant recherchées, de Cézanne, de Gauguin…et enfin, le présent article, comme ceux de mes camarades , porte le fait à la connaissance des artistes qui l’ignoreraient, qu’ils préviennent Georges Petit, on ira chercher leur toile, leur pastel, leur dessin, et, grâce à eux, la vieillesse sera réconfortée, l’exemple de bonne humanité aura été donnée une fois encore.

Gustave  Geffroy.

...........

De l'avis de "la mère Tanguy" cette vente fut un fisco en raison de l'attitude des marchands de tableaux (Vollard en premier) qui se sont entendus pour ne pas faire monter les enchères afin de s'approprier les toiles à vil prix.

 Curieusement le nom de Maxime Maufra n'apparaît pas dans cette liste ?

Je saurai trop vous conseiller la lecture du site des Amis de Octave Mirbeau

présidée  par Pierre Michel :

http://mirbeau.asso.fr/

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14/05/2012

Un charcutier Strasbourgeois de passage, Une femme empoisonnante, la rue du Bouloi et la rue de la Jussienne.

PAR BERNARD VASSOR

medium_RUE_COQ_HERON_DE_LA_RUE_DU_BOULOI_VERS_LA_RUE_DE_LA_Jussienne_05_sepia.jpg
Vers 1860,au premier plan la rue du Bouloi vers la rue Coq-Héron, au fond, la rue de la Jussienne 
1) LA RUE DU BOULOI et LE PASSAGE VERO-DODAT
Ce nom lui vient d'une maison au XIVème siècle qui exploitait un jeu de boules. Elle s'appelait alors la rue des Bouliers ou du Bouloir. En 1656, c'est une colonie de carmélites qui remplaça le jeu de boules. Selon madame de Sévigné, ces saintes femmes "recevaient en visite jusqu'aux maitresses du roi, qui arrivaient les mains pleines de bouquets" Dîte aussi rue Basile, elle fut transformée en hôtel par Jean de Ferriere, ami de Coligny, Jeanne d'Albret, reine de Navarre, "y mourut en odeur d'empoisonnement" le 8 juin 1572. La maison passa dans les mains de Françoise d'Orléans, puis à Henri de Bourbon, duc de Montpensier, ensuite, ce fut le lieutenant général de Police Gabriel-Nicholas La Reynie. Ensuite, c'est le chancelier Séguier qui en fit l'acquisition, l'agrandit d'une portion du cimetière Saint-Joseph en échange d'un terrain de l'église qui avait été construite tout exprès. Le chancelier recevait dans ces lieux ses collègues de l'Académie française. Les Fermiers généraux achetèrent l'hôtel Séguier vers 1688 pour leur usage. Ce qui entraîna de nombreux bouleversements, les bureaux des Fermes donnant sur la rue du Bouloi, les écuries et les magasins recevaient le passage des rouliers. L'électeur ayant droit à l'entrée principale rue de Grenelle (partie de la rue Jean-Jacques Rousseau). Il y avait à l'époque 24 maisons. Sous Louis XVI, il y eut un jeu de paume. Pendant la révolution les bureaux du domaine établi étaient tenu par : un certain docteur Guillotin qui avec les citoyens Duchâtel et Renesson, adjugeaient les biens confisqués aux nobles et à l'église.
Au temps de Balzac, des bureaux de chemin de fer et d'omnibus et les messageries Laffitte-et-Gaillard occupaient une grande partie de cette voie. De 1838 à 1842, la grande Rachel vécut passage Véro-Dodat 2 rue du Bouloi, (du nom de Véro, marchand de saucisses truffées et du charcutier Dodat qui s'associèrent en 1826 pour ouvrir et exploiter  le passage qui porte leurs noms réunis.)
En réalité, celui que l'on a nommé Véro s'appelait Véra et son associé Dada ! Craignant le ridicule, ils transformèrent leurs noms en Véro et Dodat. Véra ammassa une immense  fortune, et se fit construire à Brunoy un immense château "à l'Italienne"
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C'est dans un café, à l'angle du passage et de la rue du Bouloi que Charles Asselineau fut le dernier à rencontrer Gérard de Nerval vivant.
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C'était sur l'emplacement de l'hôtel D'Antoine Dreux d'Aubraymedium_antoine_DREUX_D_AUbret_05_CADRE.2.jpg
qui y eut sa résidence jusqu'à ce que sa fille, une certaine marquise de Brinvilliers, abrégea ses jours avec l'aide d'un poison qui l'a rendu célèbre et lui a donné son surnom "l'empoisonneuse". Elle s'en prit ensuite à ses deux frères pour ne pas partager l'héritage, qui furent empoisonnés par les soins de son laquais.
medium_BRINVILLIERS_EXECUTION_LIVRE_05_CADRE.jpg
Le musée de la Police possède les documents du procès et des gravures d'époque.  
medium_rue_du_bouloi_05_sepia.jpg
 
 
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2) LA RUE COQ-HERON 
Avertissement : 
Que les balzaciens ne lisent pas sans précaution le nom du propriétaire de la première maison à gauche :
Le comte de Marçay  
Dans cette propriété était mort le maréchal de Coigny,  vainqueur de Parme et de Gustalia, (...) Les Delessert y avaient déjà leur comptoir de banque au moment de la grande révolution. Avant le Maréchal qui avait eu comme secrétaire Gentil-Bernard. Le duc de Gesvres avait résidé sous le même toit. 
Sur le côté droit,  il y avait la Ferme générale des Postes. A l'emplacement  des actuels numéros 3, 5 et 7,  L'imprimeur Paul Dupont était installé sur le terrain de l'hôtel Chamillard qui s'étendait jusqu'à la rue des Vieux-Augustins. Casimir Périer (celui qui est mort du choléra morbus en 1832) y habitait encore sous Louis-Philippe.
Partant de la rue Coquillère, elle fut amputée par le percement de la rue du Louvre en 1854, la construction de l'hôtel de la poste, puis de l'ouverture de la rue Etienne Marcel qui remplaçait la rue Pagevin et la rue des Vieux-Augustins. Il ne reste de la rue que 20 numéros....Le dernier étant l'hôtel construit par le baron Thoinard de Vougy, fermier-général le grand hôtel qui sert aujourd'hui de siège de à la caisse d'épargne à l'angle de la rue du Louvre. L'immeuble avait anexé une maison dans laquelle était venue loger Charlotte Corday. Pendant le directoire, l'hôtel Thoinard, fut occupé par la maison de banque des quatre frères Enfantins, dont l'un d'eux eut un fils qui fut "Le Père Enfantin" de l'église Saint-simonienne.
Il y eut également dans les lieux, le président de la Chambre Dupin.
Disparu l'hôtel de Flandres dans l'espace entre les rues Jean-Jacques Rousseau, et rue des Vieux-Augustins (disparue aussi) L'hôtel que Gui de Dampierre comte de Flandres, avait acquis vers 1292 à un sieur Coquiller, L'impasse était déjà une rue en l'an 1315, son nom était : Quoque héron.
Voici les noms de quelques habitants en l'an 1315 :
Jehannette des filles--Galienne-- Jehan le Saunier--Raul le Chaoelier--Gautier le vacher--Denise de liane--Hébert le vilain--Pierre le vilain--Morise l'anglois--Jehan de ville neuve--Aubinet-- Gautier gale... 
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RUE DE LA JUSSIENNE 
medium_2_bis_rue_de_la_Jussienne_05_sepia.jpg
2 BIS RUE DE LA JUSSIENNE
Une grande partie de cette rue fut aussi amputée. Le 2 bis que nous voyons ici, était le numéro 16, l'hôtel Dubarry. Sa façade décorée de ferrures et de sculptures d'époque n'est pas ordinaire. En 1861, on signale déjà la disparition de 4 maisons. Sous Louis IX, il y avait une chapelle Sainte-Marie-l'Egyptienne à l'angle de la rue Montmartre. Cette église détruite au début de la révolution attirait en secret les jeunes filles qui craignaient d'être enceintes. Une prière suffisait parfois à contribuer à opérer une action inverse de celle du Saint-Esprit.  
Mise à jour le 14/05/2012
 

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