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04/08/2010

LE DOCTEUR EDOUARD TOULOUSE, UN VISIONNAIRE

PAR BERNARD VASSOR

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ZOLA, RUE DE BRUXELLES
Le docteur Edouard Toulouse est né à Marseille en 1865. Médecin et aliéniste, fut reçu docteur en médecine en 1891 avec une thèse sur la « mélancolie sénile chez la femme ". Il fut le premier à installer à Sainte-Anne un laboratoire de psychologie expérimentale et fonda l'hôpital psychiatriqueSainte-Anne-Henri-Rousselle. Premier expérimentateur de méthodes qui consistaient à traiter les aliénés qu'il appelera "les psychopathes" comme les autres malades, à tenter de les guerir en recherchant les causes de leurs troubles. Il avait dit-il : "observé que la psychopathie semble toucher de préférence les cerveaux les mieux doués, les plus actifs." Il va alors se livrer à une étude des rapports de la supériorité intellectuelle avec la "psychopathie"

En 1895, il demanda aux plus grands hommes vivant de se prêter à des examens physiologiques et psychologiques.

Le premier à accepter avec enthousiasme, fut Emile Zola qui pendant un an fut observé palpé manipulé, mesuré sous toutes les coutures aussi bien par lui que par d'autres experts, dont le fameux Alphonse Bertillon créateur de la science anthropométrique.

C'est en 1896 que parut le premier volume de : L'Enquête, Emile Zola, j.Ed. Toulouse : Un précurseur. éditions Flammarion. Ces études nous apprennent mille et un détails de la vie intime du grand écrivain. Dans des lettres, Zola envoie sa signature "écrite de la main gauche et les empreintes de ses doigts". Puis il donne des détails sur les "troubles névropathiques"dont il souffre. Il situe l'apparition de ces manifestations de l'age de sa vingtième année. "Ils se sont produits à de longs intervallles, un an, deux ans, sous formes de colliques nerveuses très douloureuses (...) l'effort, soit intellectuel soit physique, les provoque même semble les aggraver" Dans un courrier du 1 juin 1896, il décrit :"les sensations lumineuses que j'ai cru avoir parfois la nuit, , car elles ne se sont jamais priduites que dans les lieux que je connaissais parfaitement. Je les ai de mes deux yeux et peut-être n'y a-t-il qu'une évocation, que le souvenir très intense des objets que je sais être là"

Dans une lettre du 8 juillet, il promet de donner au docteur "une lettre approuvant votre travail et vous autorisant surtout à la publier" :

 

« Mon cher docteur,Vous me soumettez le travail que vous avez fait sur mon individualité physique et morale, et vous me demandez l’autorisation de publier ce travail.j’ai lu les bonnes feuilles, elles m’ont beaucoup intéressé, en me rappelant le plaisir que j’ai pris moi-même aux si nombreuses et si longues expériences que nous avons faites ensemble ; et, certes, je vous donne bien volontiers l’autorisation que vous désirez en contresignant vos pages, comme authentiques et vraies. Cette autorisation je vous la donne d’abord parce que je n’ai eu qu’un amour dans ma vie, la vérité, et qu’un but, faire le plus de vérité possible.Tout ce que tend à faire de la vérité ne peut être qu’excellent. Et quel vif intérêt présente une étude comme la vôtre, établissant sur des données certaines, par des expériences décisives, la vraie nature physique et psychologique d’un écrivain ou d’un artiste. Le fait est une certitude contre laquelle rien ne prévaut.La contribution que vous allez apporter ainsi est définitive.Si vous ne vous mêlez pas de critique littéraire, je défie bien pourtant qu’un critique puisse négliger, après vous, les documents que vous aurez fournis sur les sujets soumis à vos expériences.Et je vous donne aussi mon autorisation, parce que je n’ai jamais rien caché, n’ayant rien à cacher. J’ai vécu tout haut, j’ai dit tout haut, sans peur, ce que j’ai cru qu’il était bon et utile de dire. Parmi tant de milliers de pages que j’ai écrites, je n’ai à en renier aucune. Tous ceux qui pensent que mon passé me gêne, se trompent singulièrement, car ce que j’ai voulu, je le veux encore, et à peine si les moyens ont changé. Mon cerveau est comme dans un crâne de verre, je l’ai donné à tous et je ne crains pas que tous viennent y lire. Et quand à ma guenille humaine, puisque vous croyez qu’elle peut être bonne à quelque chose, comme enseignement et comme leçon, prenez la donc: elle est à vous, elle est à tous. Si elle a quelques tares, elle me semble pourtant qu’elle est assez saine et assez forte pour que je ne sois pas trop honteux d’elle. D’ailleurs qu’importe j’accepte la vérité.Enfin cette autorisation, je ne vous la donne pas par quelque malin plaisir. Savez-vous que votre étude combat victorieusement l’imbécile légende. Vous ne pouvez ignorer que depuis trente ans on fait de moi un malotru, un bœuf de labour, de cuir épais, de sens grossiers, accomplissant sa tâche lourdement, dans l’unique et vilain besoin du lucre. Grand dieu ! moi qui méprise l’argent, qui n’ai jamais marché dans la vie qu’à l’idéal de ma jeunesse Ah! Le pauvre écorché que je suis, frémissant et souffrant au moindre souffle d’air, ne s’asseyant chaque matin à sa tâche quotidienne que dans l’angoisse, ne parvenant à faire son œuvre que dans le continuel combat de sa volonté sur son doute.Qu’il m’a fait rire et pleurer des fois le fameux bœuf de labour Et si je ris aujourd’hui c’est qu’il me semble que vous l’enterrez, ce bœuf là, et qu’il n’en sera plus question, pour les gens de quelque bonne foi.Donc merci mon cher docteur. Merci d’avoir étudié et étiqueté ma guenille, je crois bien que j’y ai gagné. Si elle n’est point parfaite, elle est celle d’un homme qui a donné sa vie au travail et qui a mis pour et dans le travail, toutes ses forces physiques, intellectuelles et morales. Bien cordialement à vous.Emile Zola Paris 15 octobre 1896»

 

 

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