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20/02/2009

Georges Cavalier dit : PIPE EN BOIS

Par Bernard Vassor 

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Il a sifflé Henriette Maréchal !!!

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C’était le soir de la première d’ Henriette Maréchal, une pièce des frères Goncourt, le mardi 5 décembre 1865. La salle du théâtre-Français était pleine à craquer. La renommée des auteurs promettait un succès éclatant. On disait tout bas, que la pièce ne devait qu’à une faveur princière, l’honneur de paraître dans la maison de Molière, un passe-droit, un privilège dû à l’intervention de la princesse Mathilde.

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La salle était tumultueuse ce soir là. Les frères Goncourt entrent dans le théâtre, les corridors sont pleins : -"Il y a une grande émotion bavarde dans tout ce monde. Nous attrapons au vol des mots, des rumeurs de bruits : "on a cassé des barrières à la queue !"(...) nous commençons à respirer peu à peu un air d'orage. Nous descendons, accrochons nos acteurs. Got avec un drôle de sourire, nous dit des spectateurs : "Ils ne sont pas caressants" . -Nous allons au trou du rideau, essayons de voir dans la salle et ne voyons qu'une sorte d'éblouissement d'une foule très éclairée. Et puis nous attendons qu'on joue. Le lever de rideau, les trois coups, ces choses solennelles que nous attendions, nous ont totalement échappé. Et puis, tout étonnés, nous entendons un sifflet, deux sifflets, trois sifflets, une tempête de cris, à laquelle répond un ouragan de bravos. Nous sommes au bout de la coulisse, dans les masques (de carnaval), adossés à un portantil me semble qu'en passant,les figurants me jettent des regards apitoyés. Et on siffle toujours, et puis on applaudit. La toile baisse, nous sortons sanns paletot. Nous avons chaud. Le second acte commence : les sifflets reprennent avec rage (...) on siffle tout, jusqu'au silence de Mme Plessis (...) La toile tombe, .Je vois passer  Mme Plessis, qui sort avec le courroux d'une lionne, en murmurant des injures contre se public qui l'a insulté. Et derrière la toile de fond, nous entendons pendant un quart d'heure, des cris enragés ne pas vouloir que Got prononce notre nom. (...)Nous sortons à travers les groupes tumultueux et vociférants remplissant les galeries du Théâtre-Français. et nous allons souper à la Maison d'or avec Flaubert, Bouilhet, Pouthier et d'Osmoy. (Journal des Goncourt 5 décembre 1865) La pièce sera retirée du programme le 15 décembre dix jours après la première.
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Le "Journal" du 31 décembre indique : "Notre dernière pensée de cette année, en attendant tous les deux au coin de la cheminée de notre chambre d'hôtel, minuit pour nous embrasser, c'est qu'on joue dans ce moment note HENRIETTE MARECHAL à Marseille." La représentation, vue de la salle : Les académiciens venus en nombre, les amis des auteurs occupant les meilleurs places, le « petit public relégué bien au fond au poulailler, commençait à gronder. Après le prologue, on entendit des murmures et des exclamations : Ohé ! Ohé ! Tourneur de mâts de cocagne en chambre ! Abonnés de la Revue des Deux mondes ! Polichinelles de carton !Repasseurs de lames de rasoir à l’envers ! Puis on entendit après chaque réplique des sifflets stridents, qui fut repris par d’autres jeunes gens jusqu’à la fin de la pièce. L’auteur présumé de ce chahut était un étudiant à Polytechnique que dont le physique pétait à la moquerie, d’une maigreur idéale, le teint livide, blanc comme celui de Debureau, la bouche contactée par un rictus permanent, un menton en galoche, un nez de polichinelle l’avait fait surnommé Pipe-en-Bois. C’est Jules Vallès qui prétend l’avoir baptisé ainsi, mais ce sobriquet était déjà sur toutes les lèvres de ses amis du quartier latin.(Georges Cavalier s’était déjà illustré en sifflant la pièce d’ Edmond About : Gaétana trois ans auparavant.) Le lendemain son nom était dans tous les journaux, sur toutes les bouches.

On abusa de sa célébrité pour publier une brochure portant son nom intitulée :

CE QUE JE PENSE D'HENRIETTE MARECHAL

DE SA PREFACE

ET DU THEATRE DE MON TEMPS

PAR PIPE-EN-BOIS

LIBRAIRIE CENTRALE

1866

Un grand in-octavo de 27 pages  

Il désavoua publiquement cette brochure, mais d'autres placards affiches prospectus étaient proposés au public qui achetait aux crieurs, pourvu que le nom de Pipe-en-Bois figure sur l'imprimé.

Ce qui n'empêcha pas d'autres brochures comme celle-ci :

MON OPINION VRAIE

SUR

HENRIETTE MARECHAL

PAR

ACHILLE PIPE-EN-BOIS 

La carrière de Georges Cavalier ne se borna pas à siffler, Gambettiste, il joua un rôle important pendant la République du 4 septembre, puis pendant la Commune de Paris.

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mise à jour le 20 février 2008

 

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