12/08/2007
Le dossier GERARD DE NERVAL
La question se pose encore aujourd’hui. Eric Buffeteau qui devrait faire paraître dans les années à venir une magistrale biographie de Gérard sur laquelle il travaille depuis plusieurs dizaines d’années, devrait apporter si mes informations sont bonnes de nouvelles révélations.
La polémique abondante et les nombreux témoignages de ses familiers, et des dernières personnes à l’avoir rencontré avant sa mort, laissent planer un doute certain.
Procès verbal du commissariat de police du quartier Saint-Merri, vol 6 janvier 1855 :
-"Ce matin à 7h et demi (26 janviier 1855) le dénommé a été trouvé pendu aux barreaux de la boutique d'un serrurier (Boudet) rue de la Vieille Lanterne, déclaration de Laurent, sergent de ville du 4ème arrondissement; l'individu était déjà mort, transporté poste de l'hôtel de ville, secouru par deux médecins, mais en vain. Il s'est pendu avec un ruban de fil, son corps était attaché aux barreaux avec le lien, aucune trace de violence sur le cadavre"
Certains, comme Nadar, penchent fortement pour le suicide Mais d’autres, plus nombreux critiquent l’enquête qui fut « fort molle »
Madame Person, une comédienne, qui habitait Villeneuve–le-Roi affirmait :
« La veille de sa mort, Gérard de Nerval, sorti depuis quelques jours de la maison de santé du docteur Blanche, était venu dîner chez moi et m’avait lu plusieurs scènes du fils nocturne que venait de recevoir l’Ambigu et où il me destinait un rôle. Il était accompagné de M. Georges Bell. (…)il paraissait plus gai que les jours précédents, son éditeur « des Filles du feu » lui avait remis quelque argent (…) Gérard et son ami me quittèrent fort tard..Le lendemain matin, M. Georges Bell, arrive tout ému, m’apprendre la mort de Gérard. Nous sautons dans une voiture, et nous nous rendons à la morgue, où on avait transporté son cadavre. Nous trouvons là plusieurs de nos amis, parmi lesquels, Théophile Gautier et Alexandre Dumas père. On nous fit voir la corde avec laquelle il s’était pendu ; c’était un vieux cordon de tablier de cuisine….quand à l’enquête, elle a été faite avec la plus grande mollesse, nous sommes tous restés convaincus que notre pauvre ami avait été assassiné.
Béatrix Pierson (une ancienne maîtresse de Dumas)»
D’autres témoignages viennent contredire cette affirmation. Gérard a été vu ce soir là à plusieurs endroits à la fois …A neuf heures du soir, Edmond Georges prétend avoir quitté Gérard la veille de sa mort. Au même instant, Lesage et Doloris, pensionnaires de la Comédie française affirment aussi l’avoir rencontré dans le Palais Royal, en précisant qu’il avait un paletot. (ce jour de janvier il faisait moins dix huit degrés). Toujours au même instant, on le rencontre à la sortie de l’Odéon avec son ami Privat d’Anglemont et d’une autre personne …
Puis, c’est au café Belge qu’il est remarqué, ou chez le boulanger Cretaine ou il mange deux petits pains. Gérard a de l’argent, il paye la consommation. Privat propose d’aller au restaurant Baratte, à la halle, Gérard refuse et s’éloigne seul….Dumas dit que le 24 au soir, Gérard se présenta chez Méry, tira un sou de sa poche, le donna au domestique de Méry et lui dit :-Vous donnerez cela à votre maître quand il sera rentré.
Le lendemain, on le trouvait pendu comme je vous l’ai raconté, rue de la Vieille6Lanterne.
Dans son journal « Le Mousquetaire », Alexandre Dumas note :
« Vendredi matin à sept heures trois minutes, on a trouvé le corps de Gérard encore chaud, ayant son chapeau sur la tête (…)l’agonie a été douce, puisque le chapeau n’est pas tombé.(…) A moins toutefois que ce que nous croyons un acte de folie ne soit un crime, que ce prétendu suicide ne soit un véritable assassinat. Ce lacet blanc qui semble arraché à un tablier de femme est étrange encore.
Le commissaire Blanchet, est un homme d’une grande intelligence, et nous sommes sûr que d’ici à quelques jours, il pourra répondre à cette question. »
Mais hélas, M Blanchet n’aboutit pas, ne répond à rien et à personne, et l’enquête s’en va à l’eau….. Un notaire de la rue Jean-Jacques Rousseau Henri Cherrier donne le témoignage d’un ouvrier peintre occupé à peindre la façade de sa maison.
Il parlait de la rue de la Vieille Lanterne et révéla que c’était lui qui avait dépendu, aidé d’un sergent de ville le pauvre Gérard. Le corps était encore chaud. On courut chez le commissaire de police qui ne voulut pas se déplacer ; puis chez un médecin qui ne vint qu’une heure après. Ce commissaire de police était-il ce M Blanchet ?
Champfleury, s’interroge : « était-il arrivé à ce triste lieu par hasard ? L’avait-il cherché ? La maîtresse d’un logis à la nuit situé dans la rue, aurait dit, qu’elle avait entendu frapper à sa porte vers trois heures du matin, et quoique tous ses lits fussent occupés, qu’elle avait eu comme un regret de n’avoir pas ouvert. Etait-ce vrai ? était-ce lui ? »
Alfred Delvau témoigne aussi :
« C’était là pendu avec un cordon de tablier dont les deux bouts se rejoignaient sur sa poitrine, et les pieds touchaient presque terre, qu’un des hôtes du garni, en sortant pour se rendre à son travail, l’avait trouvé, lui l’amant de la reine de Saba ! C’était à n’y pas croire, Gérard de Nerval s’était pendu, ou on l’avait pendu »
Méry, quand à lui est persuadé que Gérard s’est suicidé.
Goncourt : journal,, 5 décembre 1890 :-"Mme Burty m'apporte aujourd'hui une aquarelle de mon frère de la rue de la vieille Lanterne, que j'avais donné à son mari, et un joli bouquet de Aatzuma" Cette aquarelle fut faite quelques jours après la découverte du corps de Gérard pendu à "une soorte de grille d'égout" Ce n'est pas le lieu du suicide que Jules mmal renseigné a fait cette aquarelle dans une autre rue. Burty avait édité les eaux fortes de son frère.
14 décembre 1894 :(...)-" Voici enfin une vue de la sale et pourrie rue de la Vieille Lanterne , que mon frère a été prendre le lendemain du jour où Gérard de Nerval s'était pendu au troisième barreaude cette grille d'unhe sorte d'égout."
AURELIA :
Alfred Delvau Gérard de Nerval Bachelin Deflorenne 1865
Alexandre Dumas Gérard de Nerval, Nouveaux mémoires préface Claude Schopp éditions complexe 1990.
Eric Buffeteau catalogue de l'expocsition à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris 1996
14:05 Publié dans Suicide ou assassinat ? | Lien permanent | Commentaires (11) | | | | Digg
Commentaires
Bonjour. Mais qu'en pensent les visiteurs de ce site? Pour ma part j'ai toujours été persuadé du suicide de Gérard de Nerval. Si ne nouvelles révélations se font jour peut être alors changerai-je d'opinion.
Écrit par : PIEDNOIR | 10/05/2007
difficile pour moi de me faire une opinion. Certains faits sont troublant, comment après s'être passé la corde au cou, il aurait remis son chapeau sur la tête ? Un asile de nuit était situé juste en face, et il faisait moins quinze degrés....Eric Buffeteau le plus grand collectionneur nervalien, Commissaire de l'exposition Nerval à la BHVP, prépare depuis des années une biographie qu'il dit exhaustive, m'a dit qu'il apporterai la preuve du meutre !!!
Écrit par : BERNARD VASSOR | 10/05/2007
Je ne savais pas qu'il y avait un doute sur le suicide...
Écrit par : laura | 12/05/2007
Bonjour. Si la preuve est apportée, chapeau bas....
Mais en ce cas le mobile du meurtre serait très difficile à déterminer, non ? A bientôt.
Écrit par : PIEDNOIR | 13/05/2007
D'autre part, on peut se passer la corde au cou en ayant son chapeau fermement enfoncé sur la tête, surtout s'il fait très froid. Enfin, attendons les révélations à venir.
Écrit par : PIEDNOIR | 13/05/2007
Certes, fermement ce n'est pas certain, la grille était à hauteur d'homme ses pieds touchant presque terre !.
Nous savons que la veille 24 janvier, il avait été pris dans une rafle de police dans un cabaret des halles : Chez Baratte ou chez Bordier. Il avait envoyé un mot à un de ses amis pour le faire sortir du poste de police du Châtelet. Son ami le fit sortir et l'accompagna au coin du Café de l'époque à l'angle du passage Vero-dodat et de la rue Croix des Petits-Champs (qui existe toujours) Son ami, lui donna cinq francs, et depuis, personne ne l'a revu vivant. La nuit du 25 au 26 la seine charriait des blocs glaces. La thèse du meurtre fut tout de suite évoquée, comment le pauvre Gérard serait venu finir sa vie dans une rue si misérable à l'atmosphère infecte, en face d'un garni ouvert aux miséreux Un enquête de police n'aboutit à rien. Paul Delvau son jeune admirateur et ami, qui défend la thèse du suicide, émet quand même un doute.
L'homme qui l'avait découvert a indiqué qu'il était encore vivant, et qu'il remuait la main comme si il voulait que l'on fit cesser son supplice. Personne ne voulut le dépendre, il fallait un commissaire de police qu'on alla quérir, mais, on ne reveille pas un commissaire de police comme ça !!! Quand le magistrat arriva sur les lieux, le pauvre Gérard était réduit à l'état de glaçon. Et Delvau conclut : Coupable ou non, volontaire ou non, sa mort fut un deuil pour les lettres françaises (...)
Même réponse à Laura du superbe site :
http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/
Écrit par : Bernard Vassor | 13/05/2007
Message pour Laura :
la clé de la grille était à hauteur d'homme ses pieds touchant presque terre !.
Nous savons que la veille 24 janvier, il avait été pris dans une rafle de police dans un cabaret des halles : Chez Baratte ou chez Bordier. Il avait envoyé un mot à un de ses amis pour le faire sortir du poste de police du Châtelet. Son ami le fit sortir et l'accompagna au coin du Café de l'époque à l'angle du passage Vero-dodat et de la rue Croix des Petits-Champs (qui existe toujours) Son ami (dont le nom ne me revient pas tout de suite), lui donna cinq francs, et depuis, personne ne l'a revu vivant. La nuit du 25 au 26 la seine charriait des blocs glaces. La thèse du meurtre fut tout de suite évoquée, comment le pauvre Gérard serait venu finir sa vie dans une rue si misérable à l'atmosphère infecte, en face d'un garni ouvert aux miséreux Un enquête de police n'aboutit à rien. Paul Delvau son jeune admirateur et ami, qui défend la thèse du suicide, émet quand même un doute.
L'homme qui qui sortait de l'asile de nuit et qui l'avait découvert a indiqué qu'il était encore vivant, et qu'il remuait la main comme si il voulait que l'on fit cesser son supplice. Personne ne voulut le dépendre, il fallait un commissaire de police qu'on alla quérir, mais, on ne réveille pas un commissaire de police comme ça !!! Quand le magistrat arriva sur les lieux, le pauvre Gérard était réduit à l'état de glaçon. Et Delvau conclut : Coupable ou non, volontaire ou non, sa mort fut un deuil pour les lettres françaises (...)
Même réponse à Laura du superbe site :
http://lauravanel-coytte.hautetfort.com/
Écrit par : Bernard Vassor | 13/05/2007
Bonsoir. J'ai visité le site de Laura que j'ai trouvé d'une qualité remarquable, effectivement. Je dois dire que l'on trouve peu de sites équivalents d''intelligence. Toute mon admiration pour cette créativité rare. Je dois quitter Paris pour plusieurs semaines et c'est avec un très grand regret que vais être privé d'internet. Bonsoir.
Écrit par : PIEDNOIR | 13/05/2007
Merci Bernard et Pied Noir pour vos appréciations sur mon blog.
La prochaine fois, laissez un commentaire...
Écrit par : laura | 16/06/2007
Bonjour M. Vassor. Avez-vous quelques pistes qui incitent Eric Buffeteau à penser que Nerval a été assassiné ? Je n'en vois pas. Le poète présentait une détérioration de ses facultés mentales ce qui n'explique pas tout mais en partie quand même. Cet homme devait souffrir assez lourdement il me semble. Bien à vous.
Écrit par : PIEDNOIR | 22/07/2007
Non, je n'ai pas d'autres d'informations. Sauf, qu'Eric Buffeteau aurait publié récemment un article sur le sujet.
A suivre donc.....
Cordialement B.V.
Écrit par : VASSOR | 23/07/2007
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