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21/10/2006

Une balade au dix-neuvième, sur les pas des frères Goncourt

Un voyage à l’envers, du 1 rue Laffitte au 43 rue Saint Georges*

Une promenade à l'envers*

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Démarrons notre promenade au 1 rue Laffitte, dans la cour du restaurant « La Maison Dorée », où différentes rédactions de journaux se sont succédées. La première feuille, a été après février 1848, l’Evènement , fondé par Froment-Meurice, avec Paul Meurice pour directeur et Charles et François Hugo, ce qui donne une idée de l‘orientation politique de cette publication. Supprimé après le coup d’Etat du 2 décembre, est créée par un cousin des frères Goncourt, un quotidien littéraire qui prendra sa suite dans ses locaux, le Journal « Paris » qui était titré Paris-lundi, Paris-mardi, chaque jour de la semaine définissait le titre. C’est le mercredi que Jules et Edmond fournissaient leurs articles. Revenons sur le boulevard des Italiens, la maison mitoyenne qui occupe l’angle de la rue Laffitte est le glacier Tortoni (1804-1894). Sur le trottoir d’en face  était l’hôtel de Brancas dessiné par Belanger occupé par la marquise d’Hetford et de Lord Sémour. Nous revenons sur nos pas, en traversant la rue Laffitte, au numéro 2 le superbe Hôtel d’Aubeterre du XVIII° siècle, avec un perron et quatre marches est la propriété de Lord Hedford en 1820. A quelques pas, à l’angle de la rue Lepelletier (numéro 1 hôtel de Bospin sous Louis XVI), le concurrent direct des frères Verdier (patrons de la Maison Dorée) était le café Riche.  Au 1 de la rue Lepelletier, étaient installés les bureaux du National, au 2 chez un nommé Salmon, était logéé  la Saint Huberty*( Antoinette-Cécile Clavel). Il nous faut un peu d’imagination pour imaginer, à la place de l’immense immeuble de style Art déco, construit pour la Bnp lors du percement du boulevard Haussmann :  rue Lepelletier, au 5 hôtel Terray de Rozières***(1738) 7 Hôtel de la duchesse d’Albuféra, veuve de Suchet, au 9 le compositeur dramaturge Grétry y habita, au 11 , le salon des Italiens, le premier cercle fondé sous Louis XVI , au numéro 12, une galerie du passage de l’Opéra (1833), ouvert sur l’hôtel de Gramont. Revenons sur le boulevard des Italiens où la deuxième galerie du passage de l’Opéra, conduisait à l’entrée de l’Opéra Lepelletier.

En nous tournant vers les numéros impairs, était à l’angle de la rue Favart, « la Librairie Nouvelle »<!--[if !supportEmptyParas]--> lieu de rendez-vous à jour fixe des Goncourt avec Flaubert,  Roger de Bauvoir et Théophile Gautier, les élégantes pour se donner un vernis culturel, venaient s’y montrer. Le financier Mirès, venant de Bordeaux arrive à Paris en 1836. Il s’associe à un autre bordelais Polydore Millaud. L’ascension des deux hommes est fulgurante. Mirès propriétaire de l’Hôtel des Princes rue de Richelieu et de maisons boulevard des Italiens, fait percer un passage au numéro 7.... <!--[endif]-->

*Titre d’un article du Journal Paris-mercredi :"Du 43 rue Saint Georges au 1 rue Laffitte"

**Edmond de Goncourt : La Saint Huberty, d’après ses papiers et sa correspondance Dentu 1888

***Marquis de Rochegude, guide pratique à travers le vieux Paris, ed Champion, Paris s.d. <!--[if !supportEmptyParas]--><!--[endif]-->

A suivre…..

Reprenons notre voyage avec Mirès qui venait de marier sa fille avec le prince de Polignac. Après ces noces, l'Empereur lui-même lui remet la Légion d'honneur. Haussmann signe un arrêté autoriant l'ouverture au  public du passage qui portera le nom de Passage Mirès. Malhereusement pour lui, l'ascension de ce baron de la finance va être stopée net  en décembre de la même année par la plainte d'un baron italien nommé Pontalba Mirès malgré ses relations sera condamné à 5 ans de prison. Le public débaptisera alors le passage pour le nommer Passage de Mazas....puis passage des Princes. ( Hortense Schneider qui triomphait au théâtre des Variétés, avait bénéficié pour d'autres raisons du même surnom de Passage des Princes, allez savoir pourquoi ?) A l'angle du boulevard et de la rue de Richelieu, le vénérable café Cardinal.

En nous retournant, essayons d'oublier l'immeuble de la Bnp pour nous retrouver avant le percement du boulevard Haussmann, à l'époque où le boulevard des Italiens rejoignait la rue Drouot. La maison d'angle du Duc de Choiseul , cette voie était alors la rue Grange Batelière, ce qui fait que bien des maisons ont changé de rue sans changer de place, d'où les nombreuses erreurs des historiens de Paris dont celle de la société historique de la ville qui a situé la demeure de la Taglioni et fait mettre un panonceau au numéro 4 de la rue Grange Batelière. Marie Taglioni a bien vécu dans un appartement donné par le Marquis de las Marismas del Guadalquivir au 4 rue Grange Batelière (vous suivez jusqu'ici ?) mais cette portion de rue est devenue la rue Drouot en 1847, donc Marie Taglioni a bien vécu au numéro 4 de l'actuelle rue Drouot . Pour simplifier les choses, la petite portion de rue qui s'appelait rue Pinon dans la prolongement de la rue Grange Batelière a été babtisée rue Grange Batelière avant de devenir la rue Rossini, ouf.....

A  cet angle donc au rez de chaussée, le père de Victor Schoelcher avait un grand magasin de porcelaine. Juste au dessus, les salons du Jockey-club siégeaient à deux pas de l'Opéra Lepelletier dont la sortie donnait sur la cour de l'hôtel Aguad 5ACTUELLEMENT MAIRIE DU IIX°o. Traversons la rue Drouot pour nous diriger sur le boulevard Montmartre.. Jetons un coup d'oeil sur le trottoir d'en face à l'angle de la rue de Richelieu à ce qui fut  l'hôtel Lecoulteux  à l'époque du directoire. Un glacier Napolitain, Garchi, avit fait de cet espace un lieu un lieu public à la mode, dont les terrases des jardins changeaient de couleurs grace à un savant jeu de verres teintés. Un sieur Perrin loua Frascati pour y transporter la salle de jeu de l'hôtel d'Augny après le rachat par Aguado qui en fit sa résidence principale.. Les jardins de Frascati conduisaient de le rue de Richelieu à la rue Vivienne, la nuit, de nombreux feux d'artifice y étaient tirés. Si nous levons la tête aujourd'hui, nous apercevons tout en haut de l'immmeuble, juste sous les toits, les fenêtres d'un appartement qui était occupé par un homme qui se cachait de ses créanciers et que son tailleur (le tailleur Buisson) lui louait,...enfin lui cédait car le locataire avait trouvé un moyen de paiement original pour l'époque : la Réclame ! C'est ainsi qu'en toute bonne conscience Balzac réglait ses notes de son tailleur en monaie de singe, mais qui passera à la postérité grace aux romans de l'Illustre écrivain.

Boulevard Montmartre numéros pairs la première maison d'angle était le bureau des Petites Affiches puis du journal Le Gaulois d'Arthur Meyer, fondateur du Musée Grévin à 50 mètres de là.

A suivre..... 

Mais avant, arrêtons nous devant le 16 boulevard Montmartre, hôtel construit en 1756 pour être la résidence de l'ambassadeur d'Autriche Mercy d'Argenteau qui y reçu Marie-Antoinette. Le comte Mercy fut aussi l'intermédiaire entre Fersen et la Reine. Certains auteurs signalent que c'est lui qui fournissait l'encre sympathique achetée chez un apothicaire de la rue Saint Honoré (la pharmacie existe encore aujourd'hui près de la fontaine du Trahoir à l'angle de la rue de l'arbre Sec)  Plus tard, la Levasseur rivale de la Saint Huberty qui vécut au premier étage, avant que celui-ci fut réservé au Grand Cercle,  salle de jeux pour militaires en  retraite ou vieux barbons disait-on et rentiers d'un certain age. "Nana", une nuit, en sortant du théâtre des Variétés aperçoit les salons du Grand Cercle (appelé aussi cercle des Ganaches) très illuminés. C'est du balcon du premier étage de l'hôtel Mercy d'Argenteau que fut tiré le feu d'artifice par Ruggieri le jour de la première de Guillaume Tell à l'Opéra Lepelletier en août 1829. Pour éviter que la "populace" n'encombre le boulevard, la police avait barré l'accès des deux côtés du boulevard Montmartre, la rue Vivienne n'étant pas encore percée. Pour donner le signal on attendait plus que Rossini habitant le 10 du boulevard à l'emplacement du passage Jouffroy...Un petit homme rondouillard, devant le cordon de police boulevard des Italiens trépignait et sautait en levant les bras au ciel :-"yé souis yachomo Lossini" disait-il aux policiers qui lui répondirent la phrase classique :-"et moi, je suis le Pape peut-être"

A suivre.... 

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