21/06/2006
Pour l’amour des livres troisième partie
A propos de la vente Pierre Bérès le 20 juin 2006.
19 heures 30 environ
Comme me le faisait remarquer Jean-Jacques Lefrère, nous savons que la comète de Haley reviendra dans une soixantaine d’années, mais nous n’aurons sûrement jamais l’occasion de revoir une telle réunion de chef d’œuvres bibliophiliques. Des sentiments mêlés m’ont animé pendant cette vacation.
Le spectacle était parfaitement réglé, un expert sobre, un commissaire priseur élégant derrière son pupitre, deux femmes assesseurs à ses côtés, dont la sympathique Chantal Dugenit, une rangée impressionnante de téléphones derrière lesquelles des assistants et surtout des assistantes la jolie britanique Fleur Watson, vont y jouer avec brio leur partition.
Dans l’assemblée, quelques journalistes, un célèbre dessinateur de presse , de vrais grands libraires, d’autres, que Balzac aurait qualifié de faiseurs, à côté de moi le directeur du musée de Saché, des conservateurs de bibliothèques qui vont voir partir des trésors qu’ils auraient bien aimé achetés par leur hiérarchie, mais, bon….
J’ai même vu des descendantes d’un grand peintre ne pas pouvoir surenchérir, les larmes aux yeux.
La pièce commence par l’annonce du crieur qui commet un lapsus :
- "La vente organisée par la « maison Pierre Berès » va commencer…"
Un petit peu décontenancé, Pierre Bergé déclare un tantinet grandiloquent : -
« Pierre Bérès a fait don du manuscrit de la Chartreuse de Parme à la France »
-tonnerre d’applaudissements du public.
Entrons dans le vif du sujet
Le premier ouvrage, un incunable allemand va donner le ton de la soirée, mise à prix :
40 000 euros, il sera adjugé 120 000 euros, bonne mise en bouche !
Le commissaire priseur connaissant parfaitement sa partie, joue habilement, jonglant avec le public et les acheteurs étrangers au téléphone, quelques plaisanteries contribuent à établir avec le public, un climat de bonne humeur.
Je ne veux pas abuser des chiffres, mais le clou de la vente, un recueil de dessins originaux du XVI° siècle aquarellés en couleur, représentant des oiseaux européens, ouvrage attribué à Pierre Gourdelle a été adjugé 1 220 000 euros à un grand libraire parisien.
Sans aucun rapport avec l'actualité d'aujourd'hui ce très bel exemplaire des Fables d'Esope :
Le jeu d’épreuves corrigées de la main de l’auteur du Lys dans la Vallée relié par Spachman, son relieur attitré, offert au docteur Nacquart, médecin et confident que, sur son lit de mort, Balzac évoquera en appelant à lui « à moi Bianchon !». Les enchères atteignent 305 000 euros, aussitôt la bibliothèque de Tours préampte l’ouvrage au bénéfice de mon voisin tout ému et tremblant de voir que ce livre reviendra sur un des lieux de la création de l’œuvre, l'émotion étant trop forte, il quitte la salle (en me marchant sur les pieds).
Sans surprise, les carnets du journal de Stendhal
reviennent fort heureusement à la bibliothèque de Grenoble. Mon autre voisin Jean-Jacques Lefrère qui avait été consulté pour l’expertise des autographes avec Steeve Murphy, suit avec intérêt les enchères qui s’envolent pour atteindre des sommets.
Les poèmes manuscrits de Gérard de Nerval bien qu’ils ne soient pas rares sont achetés par le même intermédiaire….
Je donnerai dans un prochain article la lettre de Pissarro à Gauguin, de Renoir ( référence du catalogue : notre amie Barbara Ehrlich White, membre de notre Comité scientifique) et de la magnifique lettre de Seurat, explication scientifique très limpide expliquant la technique du mélange des couleurs.
Gautier d'Agoty, Observations sur l'histoire naturelle
A suivre….
12:20 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg
Les commentaires sont fermés.