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22/05/2015

Gérard de Nerval, invité d'honneur des bouchers de l'abattoir de Montmartre !!!

Par Bernard Vassor

AUJOURD'HUI 22 MAI,ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE GERARD....

 

 

GÉRARD DE NERVAL – Une vie, une œuvre (émission France Culture 2009)

https://www.youtube.com/watch?v=mCfBa0G6YzQ

 

abattoirs MONTMARTRE NERVAL.jpg

 

Enfants voici les bœufs qui passent,

Cachez vos rouges tabliers.

Cet abattoir était situé à l'emplacement exact du lycée Jacques Decour.

Adossé au  mur de la barrière des Martyrs, l'entrée se faisant par ce qui est l'avenue Trudaine aujourd'hui pour faire payer l'entrée des animaux passés par l'octroi.

.....................

Le doux et rêveur qu'était Gérard Labrunie reçut le 10 février 1850 une lettre saugrenue émanant de la confrérie des bouchers des abattoirs de Montmartre, l'invitant "à un petit festin entre amis où l'on devrait bien s'amuser". Ces tueurs lui disaient-ils avaient été enthousiasmé par la pièce "Les Monténégrins" jouée à l'Opéra-Comique, et qu'ils avaient décidé de prendre les costumes de ceux de cet opéra pour leur cérémonie, le jour de la fête du Bœuf-Gras. Gérard, naïvement touché par cette marque de sympathie, répondit aussitôt qu'il acceptait cette invitation. A la fin du repas il prononça un discours dans lequel, il annonçait, que bien qu'adepte du Bœuf-Gras, il était partisan des doctrines des Pythagoriciens  et par conséquent il croyait que les corps des animaux recevait les âmes des humains, et que la mort du Bœuf-Gras par conséquent ressemblait à un assassinat, et qu'il était heureux que l'occasion lui était donnée pour souhaiter qu'à l'avenir, on renonçât à abattre ces animaux, et que l'on put remplacer ces bovins par un Haricot-Gras !!! Les bouchers qui n'avaient rien compris à ce discours applaudirent à tout rompre l'orateur avec la satisfaction d'avoir un artiste à leur côté. La conclusion d'Alfred Delvau est que l'auteur avait le droit de tout dire à condition qu'il ne les forçât pas de les comprendre.  

Mise à jour le 22 mai 2015

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20/05/2015

Un "gai chanoine" au XVIII° siècle porté sur LA CHOSE, un maître de la littérature galante : Gabriel-Charles de Lattaignant

Par Bernard Vassor

LATTEIGNANT ABBE LE MOT La Chanson (Paris.jpg

Gabriel-Charles de Lattaignant

Chose curieuse, les hommes d'église fournissent un quotta relativement considérable à cette troupe légère des libertins de ce siècle : François Joachim Pierre, cardinal de Bernis,  Guillaume abbé de Chaulieu, l'abbé Voisenon (Claude-Henri de Fusée) ont acquis dans le genre gaudrillard une authentique réputation   Gabriel Charles de Lattaignant naquit à Paris' en 1697. Sa famille, le destina à l'état ecclésiastique. Grâce à d'excellentes études, il fut pourvu du canonicat de Reims qui lui donna une position avantageuse dans le monde.  

...........

Lattaignant ne songeait guère à faire imprimer ses fantaisies quand Meunier de Querlon, son ami, qui en avait rassemblé un grand nombre, les publia à son insu, en 17S0, sous le titre de Pièces dérobées à un ami, (2 vol. in-12 ) qu'il dédia à Lattaignant ce qui était la moindre des choses. Quoique Lattaignant fût reçu dans la bonne société,  il n'y était pas toujours le bienvenu.  Il habitait le deuxième étage d'une maison de la rue de la Jussienne, aujourd'hui disparue dans un appartement où il tenait table ouverte, recevait les plus gais compères et n'excluait pas le beau sexe de ses petits soupers. Une de ses plus illustres invitées fut la comtesse Dubarry. Celle-ci vivait dans l'hôtel de son proxénète de mari situé tout à côté* et racontait volontiers au gai chanoine les scandales de Versailles et les dépits jaloux de son amant couronné.

Le Mot et la Chose 

est un poème galant du XVIII° siècle, composé par l'abbé Gabriel-Charles de Lattaignant :

Madame, quel est votre mot

Et sur le mot et sur la chose ?

On vous a dit souvent le mot,

On vous a souvent fait la chose.

Ainsi, de la chose et du mot

Pouvez-vous dire quelque chose.

Et je gagerai que le mot

Vous plaît beaucoup moins que la chose !

Pour moi, voici quel est mon mot

Et sur le mot et sur la chose.

J'avouerai que j'aime le mot,

J'avouerai que j'aime la chose.

Mais, c'est la chose avec le mot

Et c'est le mot avec la chose ;

Autrement, la chose et le mot

À mes yeux seraient peu de chose.

Je crois même, en faveur du mot,

Pouvoir ajouter quelque chose,

Une chose qui donne au mot

Tout l'avantage sur la chose :

C'est qu'on peut dire encore le mot

Alors qu'on ne peut plus la chose...

Et, si peu que vaille le mot,

Enfin, c'est toujours quelque chose !

De là, je conclus que le mot

Doit être mis avant la chose,

Que l'on doit n'ajouter au mot

Qu'autant que l'on peut quelque chose

Et que, pour le temps où le mot

Viendra seul, hélas, sans la chose,

Il faut se réserver le mot

Pour se consoler de la chose !

Pour vous, je crois qu'avec le mot

Vous voyez toujours autre chose :

Vous dites si gaiement le mot,

Vous méritez si bien la chose,

Que, pour vous, la chose et le mot

Doivent être la même chose...

Et, vous n'avez pas dit le mot,

Qu'on est déjà prêt à la chose.

Mais, quand je vous dis que le mot

Vaut pour moi bien plus que la chose

Vous devez me croire, à ce mot,

Bien peu connaisseur en la chose !

Eh bien, voici mon dernier mot

Et sur le mot et sur la chose :

Madame, passez-moi le mot...

Et je vous passerai la chose !

.......................

Une chansonnette pleine de sous-entendus :

 LE PETIT COLLET

AIR : Vlà c'que c'est qu' d'aller au bois.

 

L'abbé triomphe du plumet,

V'là c'que c'est qu'un p'ti't collet.

On le croit prudent et discret

Et la plus sévère

Consentit à tout faire '

 Pourvu que.ce soit en' secret

Vlà c'que c'est qu'un, p'tit collet.

Pourvu que ce soit en secret,

Vlà c'que c'est qu'un p'tit collet.

De. la façon' dont il le fait

 Ni sa renommée,

Ni sa bien-aimée ~

Ne risquent point le quolibet

Vlà c'que c'est qu'un p'tit collet.

Ne risquent point le quolibet,

Vlà c'que c'est qu'un p'tit collet,

Le plumet a trop de caquet,

Et de sa victoire

N'aime que la gloire

L'abbé jouit, mais il se tait

Vlà c'que c'est qu'un p'tit collet.

L'abbé jouit, mais il se tait

Vlà c'que c'est qu'un p'tit collet.'

Il fait moins de bruit que d'effet;

Voici sa maxime

 L'amour n'est point crime,

C'est la façon dont on le fait

 Vlà c'que'c'est qu'un p'tit collet.

C'est la.'façon dont on le fait

Vlà c'queVest qu'un p'tit collet.

N'a-t-il pas raison, en effet '?

On s'aime sans crainte,

On rit sans contrainte

Lorsque personne ne le sait

 

Vlà c'que c'est qu'un p'tit collet

......

La maison de Guillaume Dubarry existe toujours elle, rue de la Jussienne. 

 

20:31 | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

19/05/2015

LE CADAVRE NUMÉRO 12 SUR UNE DALLE DE L’HÔPITAL DE LA CHARITÉ.

Par Bernard Vassor  

Hégésippe Moreau, sa mort, ses funérailles, sa tombe CADRE.jpg 

A écouter sur le site Gallica de la BnF

LA VOULZIE

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k129692v.r=H%C3%A9g%...

medium_MOREAU_HEGESIPE.jpg
 
Hégesippe Moreau (1810-1838)
Felix Pyat qui avait tenu à rencontrer 6 mois auparavant Hégésippe Moreau à l'imprimerie de la Revue du Progrès raconte dans un article de cette publication :
-"Le 20 décembre 1838, à midi, je me suis transporté, en la compagnie de MM. Altaroche et Sainte Marie Marcotte, à l'hôpital de la Charité et là, j'ai trouvé dans la salle d'amphithéâtre, sur une table de pierre un cadavre. Ce cadavre était nu, couché sur le dos, les mains croisées devant la poitrine, la tête un peu penchée vers l'épaule droite et les yeux tout grands ouverts.-Quel était ce cadavre ?-C'était le numéro 12. Il meurt tant d'hommes là qu'on ne les appelle plus, on les numérote.-Quel était ce numéro douze ?-- Un poète.- Quel poète ?-- Hégésippe Moreau"
Si j'étais arrivé une demi-heure plus tard dit-il, le travail de la dissection était opéré, et les restes du défunt auraient disparu. 
Orphelin,, élevé par charité dans un séminaire, il fut d'abord correcteur dans une imprimerie à Provins. Après quoi, il vient à Paris travailler dans les ateliers de la maison Didot en 1829. Il est pris par le démon poétique, il fait des vers,
Des vers fort bons au dire des amis auxquels il en faisait la lecture. Il présenta une série de poèmes au Journal des Demoiselles dirigé par Mme Fouqueau de Passy qui les trouva fort beaux, mais lui demanda de faire de la prose, les vers ne convenant pas aux jeunes filles. Mais sur recommandation de cette dame, il s'en fut porter "L'Enfant maudit" à Latour Mézeray qui le publia dans le "Journal des Enfants" . La poèsie n'étant pas à la mode, faisons de la prose se dit le jeune homme.. Il composa coup sur coup la Souris Blanche, les Petits Souliers, Gui de Chêne, le Neveu de la fruitère, qu'il réunit en un volume sous le titre "le Myosotis". Dans sa mansarde du quartier latin, il n'avait pas tous les jours de quoi manger, les éditeurs de l'époque n'ouvrant leur porte qu'aux auteurs connus.Le Corsaire a publié de lui une chanson : les Cloches, et le Charivari : Lacenaire poète., pas  de quoi manger pendant une semaine. Les poètes tombaient comme des mouches ces années là : Elisa Mercoeur la Sapho de la Loire
et Emile Boulland s'éteignaient dans le dénuement et la misère.
*"On raconte qu'une nuit, pendant qu'il errait dans une nuit de colère dans les rue,, le ventre creux, Hégésippe Moreau aurait composé une Ode à la faim. Des vers brûlants dans lesquels il accusait le Ciel 
et la terre. Dieu et les hommes, et tout ce qui existe puisque tout est mal (...)il aurait détruit cette noire imprécation. Toutefois, il en est resté un court fragment conservé par l'un de ses amis L. de Faulquemont qu'il a publié dans le "Tam-Tam en 1840 Ces vers les voici :
A tout prix, il faut que je mange,
Rien ne pourrait m'empêcher,
Que le bon Dieu m'envoie un ange,
Je le plume pour l'embrocher
En 1832, il est hospitalisé à l'hôpital de La Charité
Alexandre Dumas (dont l'anniversaire de la mort est le 5 décembre) dans un des premiers articles du Mousquetaire a tenu à consacrer une étude de mille lignes à l'auteur du Myosotis, événement rare chez les gens de Presse. 
Il rédigea un projet d’épitaphe pour le tombeau du poète au cimetière du Montparnasse :
ICI REPOSE
HEGESIPPE MOREAU, POÈTE, MORT DE FAIM ET DE MISÈRE,
LE 20 DÉCEMBRE 1938;
LOUIS-PHILIPPE ETANT ROI DES FRANCAIS;
M. DE MONTALIVET ETANT MINISTRE DE L’INTÉRIEUR;
ET M. DE SALVANDY MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE;
TIRE DE LA FOSSE COMMUNE ET DÉPOSE SOUS CETTE PIERRE 
...................

Une souscription ouverte dans le but d'acquérir un coin de terre où l'on pût soustraire ses restes à une complète dispersion, ne produisit aucun résultat, et le destin, poursuivant le poète jusque dans la tombe, allait éparpiller ses cendres, quand un homme de cœur, qui fut son constant ami, M. Sainte-Marie Marcotte, acheta personnellement la concession perpétuelle d'un terrain dans lequel le corps de Moreau repose encore aujourd'hui. M. Sainte-Marie Marcotte raconte ainsi, avec une discrétion qui l'honore, dans la biographie qu'il lui a consacrée, la translation des cendres de son ami: « Un matin, au mois de janvier 1840, deux jeunes gens suivaient tête nue, à travers le cimetière du Montparnasse, les fossoyeurs qui « avaient exhumé de sa fosse provisoire le corps le de Moreau et le portaient à son dernier asile. Ils y étaient seuls. » L'un de ces deux jeunes gens était M. Sainte-Marie Marcotte lui-même.

..........................

Deux de ses amis, des poètes ouvriers comme lui tinrent à lui  rendirent un hommage posthume 

C'est d'abord le regretté Pierre Dupont, à qui Hégésippe

 Moreau est doublement cher, et comme poète,

et comme enfant de Provins par affection, qui écrit :

Passant, sur la pierre qui s'use

Aux baisers de l'air et de l'eau,

Lisez un nom cher à la muse ;

Hégésippe Moreau.

.............

C'est ensuite Pierre Lachambeaudie le saint-simonien,  qui s'écrie, en songeant au Myosotis, sublime héritage du poète :

Salut à vous, fleur de saphir,

De l'amour gracieux emblème!

Douce compagne du zéphir,

Plus je vous vois, plus je vous aime

 ................

EXTRAIT DE LA NOTICE BIOGRAPHIQUE ÉCRITE PAR SON AMI

SAINTE-MARIE MARCOTTE.

Hégésippe MOREAU fut enfant naturel ; ainsi, dans son dénuement de toutes choses, le nom qu'il portait ne lui appartenait même pas. Il naquit à Paris, rue Saint Placide, n° 9, le 9 avril 1810. Ses parents l'amenèrent tout petit à Provins, où son père avait trouvé une place de professeur au collège et où sa mère entra en condition chez madame Favier. Riais bientôt le père mourut ; la mère, femme supérieure à sa position par la délicatesse de son cœur, le suivit peu d'années après, et tous deux, traçant la route à leur fils, allèrent mourir à l'hôpital. Madame Favier garda avec elle l'orphelin, et veilla sur lui tant que dura son éducation ; c'est par elle qu'il fut placé gratuitement au petit séminaire d'Avon, près Fontainebleau. Moreau y composa ses premiers vers, à l'âge de douze ans; ses

impressions au séminaire, les vagues rêveries de son enfance poétique, il les a lui-même racontées dans la première pièce du Diogène. il eut terminé ses études, ta quinze ans, il entra

en apprentissage, par les soins de madame Favier chez un imprimeur de Provins. Ici commence pour Moreau une série de jours heureux, les seuls qui lui aient été dévolus sur la terre, pendant lesquels il dormit d'un doux sommeil, ne comptant ni les mois, ni les années ;jours pleins de lumière et de soleil dont ensuite le souvenir le poursuivit à travers les froides

 

ténèbres du reste de sa vie, et qu'il revoyait encore, à ses derniers instants, du fond de l'hôpital. Auprès de lui, sous le même toit, était une femme dont la cœur l'avait compris. Cette

Morgue. NERVAL.jpg

 *Philibert Audebrand , Les derniers Bohèmes 

 MISE A JOUR LE 19 MAI 2015

18:47 Publié dans L'auteur du "Myosotis" | Lien permanent | Commentaires (0) | | | | Digg! Digg

18/05/2015

Jean Baptiste Clément "LE TEMPS DES CERISES" mise à jour(l'exil)

Par Bernard Vassor

CLEMENT PARTITION déchirée.jpg

 

 L’EXIL A LONDRES

,,,,,,,,,,,

Le 3 septembre 1871 Jean Baptiste embarque à Calais sur un petit bateau pour se réfugier en Grande Bretagne. Contraint par les circonstances, l'élu du XVIII° arrondissement risquant la mort à tous moments. c'est à Londres qu'il va continuer sa lutte pour "les damnés de la terre", pour l'égalité et l'émancipation des femmes. Il avait rejoint un cercle d’exilés à Londres, qui tenait ses réunions dans le local du Duke of Yorck. Dans la capitale, les proscrits sont étroitement surveillés par des indicateurs au service de la Préfecture de police française. A Paris, c'est un commissaire de police qui dirige un service de renseignements dont il est le maître absolu, n'ayant de comptes à rendre à personne excepté au seul ministre de la Justice. Un bon nombre d'honorables correspondants sous couvert d'anonymat, transmettent des rapports au mystérieux commissaire Lombard. Ces rapports sont quand même signés, portant un numéro d'agent ou un pseudonyme sibyllin. Clément possède le privilège d'avoir deux cafards attachés à ses basques, l'agent 48, et l'agent numéro 28. Ces délateurs avaient été recrutés parmi les anciens proscrits, certains étant même des élus de la Commune de Paris. L'agent 28 avait réussi à gagner la totale confiance de Clément et se vante d'avoir participé à l'élaboration d'un texte prévu pour une conférence pour le Centre d'études du Cercle de Londres. Le climat entretenu ou pas par les espions versaillais, était très lourd,et la paranoïa (parfois fondée) conduisaient à la suspicion de traîtrise. Deux anciens membres de la Commune se sont accusés mutuellement d'être des dénonciateurs. Chalain un ami très proche de Clément avait été accusé par Bazin d'être une mouche; Chalain en retour le traite d'espion. Clément va conseiller à Chalain de le provoquer en duel. Tout au long de son séjour Londonien, le chansonnier va être un propagandiste acharné de la défense et de l'émancipation des femmes et du prolétariat. Dans l''attente de l'amnistie pleine et entière, il se rend en Belgique où il demeure à Bruxelles rue de l'Amigo. Dans cette ville il donne une conférence en septembre 1879 à tendance résolument anarchiste. Puis, il revient en France clandestinement. A Montfermeil certains témoins disent qu'il ne se cachait plus et qu'il vivait normalement.

L'agent 28 n'a jamais été formellement identifié, mais il semble évident que ce soit son compagnon de lutte le plus proche qui l'ait trompé. 

 

CLEMENT RAPPORT POLICE.jpg

Almanach Eugène Pottier IMAGE.jpg

Les idée reçues résistent à toutes les épreuves. Depuis plus d'un siècle des historiens  racontent que ces deux poèmes ont été chantés pendant la Commune de Paris, dans les rues par les insurgés, comme étant des hymnes révolutionnaires. Nous avons vu dans un article précédent, que la magnifique chanson de Clément, que c'est seulement en 1885, que Jean Baptiste a fait de sa chanson d'amour, célébrant l'arrivée du printemps et de la nature ( à la même époque, au Japon, la floraison des cerisiers étaient célébrés comme un événement majeur). Dans son recueil de chansons publiés à cette date (1885) la préface et la dédicace à une certaine "vaillante fille ambulancière bénévole", vont transformer radicalement le sens cette chanson lyrique en un symbole révolutionnaire. (Elle était à l'origine était dédié à un des frères Lionnet, Anatole (1832-1896). Une autre chanson dédiée cette fois aux deux jumeaux Hippolyte et Anatole est aussi une chanson bucolique

AU BOIS JOLY

A Hippolyte  et Anatole Lionnet.

Au bois joly,

On s'en va cueillir la noisette,

Et l'on y prend de l'amourette.

Le chemin creux est si petit,

Au bois joly!

Au bois joly,

En arrivant sous les feuillées,

Les filles sont comme endiablées.

Avec Suzon je suis ally,

Au bois joly Au bois joly,

On entend plus le bruit des lèvres

Que le carillon de nos chèvres.

Tous les buissons cachent un nid,

Au bois joly I

Au bois joly

On voit plus de cornettes blanches

Que de rossignols sur les branches.

Ça sent si bon, c'est si gentil,

Au bois joly! (...)

Comme la plupart des  chansons écrites à cette période, le Temps des cerises fait partie des odes à la nature.

Rappelons que Clément était un fervent admirateur d'Henri Murger (1822-1861) à tel point qu'il baptisera un de ses recueils "Les Murgerettes". Murger que nous retrouverons quand il sera question de Eugène Pottier.

La même année,que l'écriture du Temps des cerises Clément produit de véritables chants révolutionnaires, mettant en scène la condition des femmes sous le second empire.

.....................

JEAN BAPTISTE FÉMINISTE AVANT L'HEURE :

............

Bon voyage

Allez, vaillantes insurgées,

Réveiller les cœurs endormis

De tant de femmes outragées(...)

...........

Les femmes exploitées, soumises à la "complète obéissance" à leur patron, les filles mères et les femmes abandonnées sont abordées dans plusieurs chansons.

.............

LA PAUVRE G0G0

A madame Camille Bios.

Avec ton enfant sur le dos,

Sans coiffe et sans sabots,

Où t'en vas-tu, pauvre Gogo?

Bien triste et bien abandonnée,

Comme la feuille à l'automnée*

Je m'en vais tout droit devant moi.

Ne me demandez pas pourquoi

Quand un lourd chagrin vous déchire,

Ça fait trop mal à le redire.

Avec ton enfant sur le dos,

Sans coiffe et sans sabots,

Où t'en vas-tu, pauvre Gogo?

Le coeur tout froid, je suis ma route,

Et trouverai, coûte que coûte

Ce que je veux pour en finir. 

Mais laissez mon marmot dormir,

Il faut qu'il ignore la chose,

Car le pauvret n'en est pas cause. (...)

............  

Il consacre une chanson à la femme d'un ouvrier qui s'est saoulé avant de rentrer chez lui :

FOURNAISE .

Dès l'aurore il quitté son lit,

Comme l'oiseau, c'est sa coutume, r.

Et tous les jours jusqu'à la nuit,

II frappe dur sur son enclume;

Il a les bras comme du fer,

II a du feu dans son haleine

Mais ce soir tout chante dans l'air,

Fournaise a touché sa quinzaine.

Ah!

Gare à toi, Madeleine,

Tiens bien ton bonnet

Et le souper prêt;

Ton homme, Madeleine,

Ton homme a touché sa quinzaine.

Quand on est bien franc du collier,

Malheur! il fait chaud quand on forge!

Fournaise est un rude ouvrier

Et ça le brûle dans la gorge.

Au cabaret des Bons enfants (...)

.................  

 

CLEMENT  REVANCHE.jpg

........ 

                   

  Réflexions sur la plaque de la place Jean Baptiste Clément.

Personne n'a été capable de m'expliquer à quoi correspondaient ces dates !   

 plaque place J.B clement.jpg

 Par Bernard Vassor

Article écrit pour le centenaire de la mort de Jean Baptiste Clément en 2003.

On a depuis plus de cent tente ans beaucoup écrit, fait de recherches, et célébré l’illustre montmartrois. A l’occasion du centenaire de sa mort en 1903, les manifestations autour de son nom furent nombreuses, joyeuses et fort instructives à travers des concerts de rue, aubades, conférences et mille autres animations donnant à la butte un petit air de fête.

Hélas… le clou devant être le dévoilement d’une plaque qui devrait informer le passant sur le représentant de la chanson française la plus jouée dans le monde.

Stupeur ! Pas moins de 3 erreurs en 4 lignes que comporte le texte,(malgré le signalement au service « culturel » à l'Hôtel de Ville de la mairie du XVIII°).

1) Il n’y a pas de trait d’union entre Jean et Baptiste, les parents de notre héro ayant voulu le différencier de son père, dont le nom en comportait un explique un biographe pourtant éminent de l'auteur du Temps des cerises. Pour ma part, de tous les documents consultés dans les registres d'état-civil le trait d'union ne figure ni pour le père et le fils. Sa mère Marie Thérèse est logée à la même enseigne.

2) Pendant la Commune il n’y a pas eu de maire élu ni désigné ! Ses fonctions, pendant l’insurrection furent les suivantes : après avoir été élu , délégué du XVIII° aux élections du 26 mars, il est nommé le 30 mars à la commission aux subsistances. Le 17 avril, il obtient la délégation aux ateliers de fabrication des munitions. Il donna sa démission en raison de divergences avec le Comité de Salut Public le 20 mai. Le 28 mai Clément racontera avoir été sur la dernière barricade de la rue de la Fontaine au Roi avec Eugène Varlin qui, reconnu square Montholon, appréhendé place Cadet, fut conduit 6 rue des Rosiers ou de la Fontenelle (actuelle rue du Chevalier de la Barre)  pour y être fusillé. C’est à cette occasion que la réédition du  Temps des Cerises sera dédié (en 1885) à Louise, l’ambulancière rencontrée furtivement sur le lieu du dernier combat de la Commune le dimanche 28 mai. Beaucoup d’historiens contestent ce lieu, et situent plutôt rue Ramponneau l’ultime combat.

3) Les dates : 19 mars 25 mai ne correspondent à rien de précis pour ce qui concerne l’histoire dans le XVIII° arrondissement. Si l’on considère ses fonctions à la mairie, ce serait : du 26 mars au 20 mai (date de sa démission), son action en tant que combattant : du 18 mars au 28 mai.

La reprise de Montmartre par l’armée versaillaise a eu lieu le 23 mai à midi, le 25 (date figurant sur la plaque qui ne correspond à rien) la Cour prévôtale de la mairie, place des Abbesses, fonctionnait à plein régime depuis 2 jours, les malheureux Trente sous* étant soit « collés au mur », soit conduits à Satory à ou bien à Versailles « aux Chantiers » pour y attendre un sort peu enviable. Avant et depuis cette pose de plaque officielle, j’ai cherché à joindre à la mairie de Paris et à celle du XVIII° arrondissement, les services culturels concerné sans succès.

.............................

Voici une liste de ses domiciles montmartrois : 

En 1860, 3 rue du Télégraphe (aujourd’hui rue Chappe)

En 1861 chez son oncle Christian Poulain et sa tante "Louise" passage de l’Arcade (aujourd'hui passage des Abbesses).

1863 15 rue Véron puis au 3 rue Saint-Vincent (un petit rappel, cette rue porte le nom d'un des ses parents du côté maternel qui fut maire de Saint-Ouen, Vincent Compoint)

En 1870, puis pendant la Commune, il logeait 10 Cité du Midi.

A son retour d’exil chez son ami Eugène Delatre, après l’amnistie en 1880 7 rue Constance, puis chez sa tante Louise au 12 rue Ganneron. 1885 53 rue Lepic. 1887 7 rue Androuet. En 1890 14 rue Germain Pilon, ensuite avec une compagne 45 rue des Abbesses. Enfin en 1892 il réside avec sa femme au 110 rue Lepic. et jusqu’à son décès (à la maison de santé municipale du docteur Dubois comme Henri Murger, 52 ans plus tôt. La maison Dubois était située à  l'angle  rue de l’Aqueduc et du numéro 200 DE la rue du faubourg Saint-Denis) dans le X° arrondissement)  

Archives Bernard Vassor.

Archives de la Préfecture de police

Archives de Paris

*Terme péjoratif donné aux gardes nationaux qui recevaient 30 sous, soit 1 franc 50 par jour.

 

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AUX ORIGINES DU JAZZ : DES MINSTREL'S A PARIS EN 1850, SALLE DES PORCHERONS, 29 rue Cadet

PAR BERNARD VASSOR

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C'est en 1843, qu'apparut pour la première fois le mot Minstrel's, avec la représentation à New-York d'un quatuor blanc qui s'intitule, "Virginia Minsterl's", grimé et caricaturé en homme noir. Ces spectacles étaient surtout destiné à une clientèle blanche, séparée bien sûr.
Avant le premier spectacle à N.Y.J, il existait déjà depuis 1820 des troupes itinérantes, singeant les danses et chants des esclaves. La musique n'avait qu'un très lointain rapport avec "les chants de travail"du sud de l'Amérique. Ce n'est que vers 1860, que l'on vit des troupes noires de Minstrel's.
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Spectacle en 1850, 29 rue Cadet, avant le percement de la rue La Fayette. A cet emplacement, le photographe Pierre Petit y établit plus tard son immense atelier de photographie. C'était depuis le XVIIIè siècle une guinguette située "hors les barrières" où "les gens du peuple viennent se réjouir, les dimanches et fêtes*"
C'est grâce à mon ami Gérard Comte, (historien du jazz, et du treizième arrondissement) qui m'a donné cette affiche et j'ai pu découvrir que le premier spectacle de Minstrel's eut lieu à Paris en 1850. Nous n'avons pas d'indications (pour le moment) sur la durée du spectacle, et sur le succès remporté...
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Toujours est-il qu'il fallut attendre les années 1890 pour assister dans de grandes salles parisiennes : L'Eden-Théâtre, et les Folies Bergères, à des représentations au goût douteux. Sur Cette affiche, il est fait allusion à une jeune femme sud-africaine Saartjie (Sarah) Baartman , surnommée "La Vénus Hottentote" qui fut  une des histoires les plus révoltantes, qui n'est pas à mettre au crédit des spectateurs, et des scientifiques qui exploitèrent "ce filon". Saartjie, comme beaucoup de membres de sa tribu des Bushmens, était atteinte de stéatopygie marquée, spectaculaire accumulation graisseuse sur les fesses, et une macronymphie, hypertrophie exceptionnelle des petites lèvres de la vulve, qui fut rapidement appelée « le tablier des Hottentotes » et fit couler beaucoup d’encre du 18e au 19e siècle. Elle alla travailler au Cap cher un certain Peter Cezar. Celui-ci la conduisit à Londres et commença à l'exhiber, enfermée dans une cage,, tenue en laisse. On lui ordonnait d'avancer et de reculer. Après un procès intenté par une association africaine de Londres, nous la retrouvons à Paris vers 1814 chez un montreur d'ours. A la demande de Geoffroy Saint Hilaire, elle fut l'objet d'un examen approfondi de Cuvier. Un an plus tard, elle mourut des suites d'une maladie dont nous ignorons la cause. Cuvier publia une communication intitulée : « Observations sur le cadavre d’une femme connue à Paris sous le nom de Vénus hottentote", soutenant ainsi la  thèse apportant la preuve de l'infériorité de certaines races, comparant ces tribus à des singes condamnés à "une certaine infériorité". Le squelette et un moulage en plâtre fut exposé au Musée de l'Homme à Paris. Après bien des péripéties, ce ne fut qu'en 2002 que le corps de la pauvre "Sarah" fut rendu à sa tribu en Afrique du sud.
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 *Almanach du voyageur 1781.
MISE A JOUR LE 18/05/2015

09:20 Publié dans HISTOIRE ANECDOTIQUE | Lien permanent | Commentaires (1) | | | | Digg! Digg

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